Quelques heures avant le coup d'envoi de la Coupe du monde, attendu avec ferveur dans le monde entier, vendredi après-midi, l'armée israélienne a bombardé une plage dans le nord de la bande de Ghaza, causant un drame indescriptible. Dix personnes, dont cinq membres d'une même famille, ayant choisi cette plage paisible, surtout en ce jour où la plupart des citoyens ont préféré rester chez eux pour assister à la retransmission du premier match de cette Coupe du monde entre l'Allemagne et le Costa Rica, ont trouvé la mort, touchés par les éclats d'un obus israélien. Ali Ghalia, ce père de famille ne savait pas que cette promenade sur la plage allait lui coûter la vie ainsi qu'à sa femme et trois de ses enfants, dont le plus jeune est un enfant de cinq ans. Les corps gisant sur la plage étaient déchiquetés. A cet endroit, le sable doré a pris la couleur rouge du sang. C'était une véritable boucherie que rien ne saurait justifier. Le bombardement qui, selon des témoins, a été commis par un navire de guerre israélien, posté à quelques kilomètres en face de la plage, a causé, par ailleurs, des blessures à plusieurs autres estivants et une panique générale. Dans le même après-midi, trois militants des brigades Ezzeddine Al Qassam, la branche armée du Hamas, ont été tués dans leur véhicule détruit par un missile air-sol, lancé par un avion israélien, au nord de la bande de Ghaza. Ces événements sanglants ont causé une grande tristesse et un grand émoi dans les territoires palestiniens. Abbas a fait appel au Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'il oblige Israël à stopper ses attaques, a affirmé son bureau dans un communiqué. Le principal négociateur palestinien, Saëb Erekat, a indiqué avoir demandé l'intervention des Etats-Unis et de l'Union européenne « pour mettre un terme à l'escalade dangereuse » israélienne. L'armée israélienne, dont ces actes sont coutumiers dans les territoires palestiniens a annoncé l'ouverture d'une enquête, la suspension des bombardements et exprime son « regret pour toute victime innocente dans des bombardements qui viennent en riposte aux tirs de roquettes » qui se sont intensifiés ces derniers jours contre Israël. Les réactions à cet acte de barbarie au niveau internationale, à l'exception des Américains qui ont annoncé qu'« Israël a le droit de se défendre », ont toutes dénoncé cet acte de barbarie. Après plus de 18 mois de trêve, les brigades Ezzeddine Al Qassam ont repris hier les tirs de roquettes artisanales contre le territoire israélien. Par ailleurs, au niveau politique, les dissensions interpalestiniennes se poursuivent. Le président Abbas est décidé à appeler le peuple palestinien à un référendum sur le document d'entente nationale élaboré par des cadres des différents mouvements palestiniens, dont le Hamas et Fatah, détenus dans les prisons israéliennes, alors que le Hamas continue de s'y opposer. Le Premier ministre, issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a appelé le président Abbas à renoncer au référendum, mettant en garde contre une « division historique » entre Palestiniens s'il avait lieu. Pis encore, les assassinats et les enlèvements de Palestiniens par des mains palestiniennes se poursuivent. Un officier appartenant à la sécurité préventive, un organisme sécuritaire dont la majorité des membres sont des militants du Fatah, a été tué par des inconnus vendredi à l'aube à Ghaza. Les divergences palestiniennes ne font que faciliter la tâche du Premier ministre, Ehud Olmert et son gouvernement, nullement intéressés par un règlement négocié du conflit. Israël vise à régler ses problèmes avec les Palestiniens d'une façon unilatérale en leur imposant une paix à sa manière. Cela est plus facile, lorsque ces derniers ne parlent pas le même langage.