L'armée israélienne nie son implication dans le drame qui a coûté la vie à huit Palestiniens. Embarrassés par les dimensions prises par le pilonnage vendredi de la plage de Ghaza qui a coûté la vie à huit Palestiniens et décimé une famille de cinq personnes, les autorités israéliennes (politiques et militaires) tentent, assez maladroitement, de se disculper de ce drame dont les images ont jeté une vive émotion dans la communauté internationale. Mardi déjà, après une enquête de pure forme, l'armée israélienne a essayé de dégager sa responsabilité du drame pour l'imputer aux Palestiniens. Hier, le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz, a fait une déclaration dans le même sens niant toute implication d'Israël dans l'explosion de la plage. Avant même la présentation des conclusions de l'enquête -dont un général israélien a déclaré hier qu'elle n'est pas achevée- diligentée par l'armée, M.Perez s'est laissé aller à affirmer «Nous avons assez de preuves venant appuyer nos forts soupçons que la tentative de présenter cela comme un incident israélien est simplement fausse». Evidemment, l'armée israélienne qui est “infaillible” tue avec discernement et uniquement les «cibles» qu'elle s'est assignées. Or, depuis septembre 2000 et la profanation de l'Esplanade des Mosquées par le général Sharon, l'armée israélienne a tué des milliers de Palestiniens (plus de 5000 -dont la majorité étaient des civils et des enfants-) dont le pic a été atteint par l'horreur du carnage de Jenine en 2002. Aussi, nier l'implication de l'Etat hébreu dans ce nouveau drame est quelque peu spécieux. Ainsi, des généraux israéliens sont allés jusqu'à dire que cette explosion aurait pu être provoquée par des mines...déposées par le Hamas pour empêcher l'infiltration de commandos israéliens. Toutefois, devant le scepticisme de la communauté internationale, l'armée israélienne a admis, hier, la possibilité qu'un type de munition non explosé qu'elle utilisait dans le passé pourrait être la cause du drame de la plage de Ghaza après les déclarations des officiels tentant de dégager la responsabilité d'Israël de cette nouvelle tragédie -dont les images ont soulevé une vive émotion dans le monde entier- imposée au peuple palestinien. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui ne nous a pas habitué à démentir Israël a trouvé ‘'bizarre'' les allégations des officiels israéliens indiquant à des journalistes qui lui demandaient son avis sur les explications avancées par Tel-Aviv «La présence d'une mine sur une plage est plutôt bizarre». Plus explicite, l'ONG américaine de défense des droits de l'Homme, HRW, (Human Rights Watch, basée à New York) a clairement mis en doute les explications de l'armée israélienne. HRW dont des enquêteurs se sont déplacés sur les lieux du drame -ce que n'ont pu faire les militaires israéliens qui se sont contentés de relever des éclats d'obus sur des blessés soignés en Israël- ont même proposé à l'armée israélienne de lui fournir des éléments recueillis sur la plage. Marc Garlasco, analyste militaire et ancien conseiller du Pentagone, représentant l'ONG, a indiqué «Israël déclare que l'éclat d'obus retiré du corps d'une victime hospitalisée en Israël n'est pas celui d'un obus d'artillerie mais il ne propose aucune autre alternative». M.Garlasco qui a examiné, sur le site du drame les éclats d'obus, affirme en revanche, que ces derniers proviennent bien d'armes utilisées habituellement par l'armée israélienne qui sont des obus de 155mm. Selon l'analyste de l'ONG américaine, il existe des preuves que les armes utilisées sur la plage sont des armes israéliennes contestant ainsi les affirmations des officiels israéliens. M.Garlasco qui n'a pas manqué de relever des contradictions dans les déclarations des autorités israéliennes indique en revanche que son «(...) bureau à Jérusalem est en contact avec l'armée israélienne, je souhaite que nous puissions échanger des informations». Pour leur part, les Palestiniens ont appelé hier à la constitution d'une commission internationale d'enquête sous l'égide de l'ONU comme l'indiquait Saëb Erakat, négociateur palestinien, dans une déclaration à la presse «J'appelle (le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et la communauté internationale à mettre sur pied une commission d'enquête internationale sur le crime de la plage de Ghaza», a-t-il dit, avant d'ajouter «L'escalade israélienne à Ghaza et le grand nombre de martyrs devraient forcer l'ONU et la communauté internationale à accroître leurs efforts pour protéger la population civile», faisant allusion aux raids de mardi -ciblant deux activistes du Jihad islamique- qui se sont soldés par la mort de 11 personnes dont neuf civils palestiniens.