Le monde sous-marin ou le monde du silence, comme l'a appelé le commandant Cousteau, est habité par une faune marine extrêmement riche au sein d'une flore luxuriante. Si l'homme n'a pu découvrir qu'une infime partie de cette faune pleine de mystères et d'espèces à la fois étranges et magnifiques, alors comment fait-il pour préserver et cultiver le «1%» de cette découverte fragile? Vous êtes-vous demandé en quoi consiste l'aquaculture ? Ou encore comment peut-on maîtriser l'élevage de certaines espèces de poissons dans des étangs ? Djamila Ferhane, chargée de division de recherche au centre de recherche et du développement de la pêche et de l'aquaculture (CNRDPA) situé à Bou Ismaïl, nous explique clairement le rôle de cette approche dans la durabilité et la protection des milieux de reproduction marine. L'aquaculture comme son nom l'indique, recouvre toutes formes d'élevage de poissons ou crustacés ainsi que de culture d'algue en eau douce, saumâtre ou salée. «Ce domaine constitue plusieurs branches qui sont la pisciculture : élevage de poissons d'eau douce et marine, la conchyliculture : élevage de coquillages ou tout mollusque bivalve, et l'algoculture relative à l'élevage des algues», explique Ferhane Djamila. Les prérogatives de cette division ont pour but d'acquérir et de maîtriser les techniques et les technologies d'élevage et de culture des espèces aquatiques. Sa mission consiste également à développer et adapter les protocoles de production aquacole, les méthodes de conception et de réalisation des infrastructures, ainsi que de valoriser et préserver les ressources hydriques. «L'équipe de cette division étudie aussi bien la productivité des sites aquacoles que la préservation et la mise en valeur des ressources algales», indique la chercheuse. En termes de réalisations, la division de l'aquaculture a réussi dans l'immédiat la reproduction de différentes espèces comme les carpes chinoises et le black-bass. «Ces poissons sont des espèces qui ne se reproduisent pas naturellement, ce qui nous amène à employer la reproduction artificielle». Le centre compte pareillement un espace conchylicole pour l'étude et la maîtrise d'élevage conchylicole, c'est-à-dire l'élevage et la préservation des coquillages (moules, huîtres, palourdes). Produire artificiellement certaines espèces de poissons est une technique très importante. La reproduction artificielle permet de maîtriser parfaitement le cycle biologique de l'espèce de poisson considérée et de protéger les premières étapes du développement des larves. Elle implique 3 étapes : Technologies et reproduction des poissons la première inclut la pêche des géniteurs. Leur capture est inévitable afin de sélectionner les meilleurs d'entre eux pour la reproduction. «Il s'agit des poissons qui ont atteint la maturité et se trouvent prêts à être utilisés pour la reproduction», dit-elle. Ces géniteurs sont aussi ramenés de Hongrie. «Il ne s'agit pas d'une espèce autochtone», ajoute la chercheuse. La deuxième phase de la reproduction artificielle compte l'adaptation des géniteurs, «c'est-à-dire essayer d'adapter ces géniteurs dans des étangs pour les préparer à la reproduction, car se sont des espèces très fragiles», explique-t-elle. Pour préserver ces géniteurs et réussir l'adaptation, le centre dispose de deux écloseries, une à Sétif et l'autre à Sidi Bel Abbès, «leur rôle est de permettre la production d'alevins pour les ensemencer ensuite dans différents plans d'eau douce». La troisième étape comprend la préparation de la reproduction du poisson. Mme Ferhane nous apprend que le choix des géniteurs est primordial. «On commence d'abord par peser le géniteur pour pouvoir ensuite introduire une hormone en fonction de son poids». Deux injections hormonales sont effectuées pour les femelles et une pour les mâles. Dans un laps de temps court, une ovulation sera produite. «L'ovulation permettra aux pisciculteurs de mélanger les gamètes mâles avec celles des femelles, qu'on va après les introduire dans des bouteilles de ‘‘Zoug''», avance-t-elle. Cette ovulation engendre une éclosion sous forme de «larves» qui se développent par la suite pour faire apparaître des «alevins». «On ensemence des plans d'eau naturels avec ces alevins pesant généralement entre 2 à 3g», ajoute Mme Ferhane. Après cette dernière étape, les alevins suivent un programme de nutrition bien établi pour optimiser une croissance saine. Enfin, vu comme cela, pour nous simple profanes et spectateurs, tout paraît assez simple. Mais quand nous voyons avec quel dévouement les chercheurs du centre s'attellent à cette tâche ardue et délicate qui est l'élevage d'organismes aquatiques, nous sommes sûrs que l'aquaculture en Algérie a de très beaux jours devant elle.