Cet endroit paradisiaque et à l'abri des regards se situe à la sortie est de la localité côtière de Aïn Tagouraït, dans la wilaya de Tipaza. Une plage envahie par une nuée d'estivants se trouve à proximité de ce centre conchylicole, dirigé par Kamel. Ce projet, qui date de 1990, avait enregistré un arrêt des travaux en raison de l'insécurité. Il a été repris en main à partir de l'année 2000. C'est un investissement qui aura coûté au total 63 millions de dinars. L'Etat a participé avec une enveloppe de soutien à l'investissement d'une valeur de 8 millions de dinars, tandis que l'investisseur a bénéficié d'un prêt remboursable auprès de la BADR d'un montant de 39 millions de dinars. L'apport personnel est estimé à 16 millions de dinars. Pour l'année 2006, ce centre conchylicole a produit 15 tonnes de moules, mais notre interlocuteur espère atteindre une production de 100 tonnes pour l'année 2007. Un kilo de moules est vendu à 200 DA. Néanmoins, parmi les difficultés qui entravent le développement de la production des moules, c'est incontestablement l'impossibilité pour cet investisseur de récupérer les naissains au port d'Alger. C'est l'unique moulière importante de la région centre du pays. Les travaux d'aménagement engagés au niveau du port de la capitale algérienne feront sans aucun doute disparaître ce milieu marin dans lequel vivent les naissains. Le développement de l'activité conchylicole passe par son approvisionnement régulier et périodique en naissains. Ces jeunes coquillages, une fois récupérés, seront mis dans un autre milieu pour l'élevage. Elevage d'espèces nobles Devant ces contraintes, le centre de Aïn Tagouraït vient de s'engager dans la mise en place d'une microécloserie de mollusques bivalves, afin d'assurer un autoapprovisionnement en naissains d'espèces nobles telles l'huitre plate et l'huitre creuse, ainsi que d'autres espèces qui ont une meilleure valeur ajoutée que la moule. Néanmoins, la production de naissains dans une écloserie doit passer par différentes phases dépendantes les unes des autres. La culture phytoplanctonique qui n'est, en réalité, que la production de phytoplancton constituée d'algues microscopiques d'abord, ensuite le conditionnement de géniteurs, et, enfin, la reproduction et l'élevage larvaire. Selon Mlle Sihem, employée dans cette ferme conchylicole et diplômée de l'Université de Bab Ezzouar, « la culture phytoplanctonique constitue la phase la plus importante, du moment qu'elle permet d'assurer la nourriture pour les géniteurs en phase de conditionnement pour les larves mises en élevage et pour le naissain avant sa mise en élevage », dit-elle. C'est parce qu'il n'existe pas, en Algérie, de banque d'algues marines que Kamel, l'investisseur, s'était déplacé en France pour acheter une souche de phytoplancton. C'est au niveau de cette ferme conchylicole de Aïn Tagouraït, qu'en partenariat avec l'étudiante de Bab Ezzouar, il avait décidé, depuis avril dernier, d'entamer la culture phytoplanctonique avec les moyens existants, tout en tenant compte des contraintes. L'expérience est en train d'enregistrer des résultats positifs. Kamel, l'investisseur, et Sihem l'universitaire, viennent de réussir à maintenir la souche et à obtenir des volumes intermédiaires qui favoriseront le passage à une culture à grande échelle avec un volume de 100 litres. Sihem, aux manips ! Située au bord d'une crique pourvue d'un milieu marin riche en espèces de microalgues, que l'écloserie de Aïn Tagouraït les utilise. Sihem a commencé à isoler les souches et à créer sa propre banque d'algues. Après la maîtrise de la culture phytoplanctonique, nos deux interlocuteurs nous ont révélé qu'ils sont sur le point de passer aux étapes suivantes, notamment le conditionnement des géniteurs, avant la production des naissains. Cette ferme conchylicole compte assurer une production constante et régulière d'autres produits en plus des moules, pour offrir une grande variété d'huîtres et de moules pour le marché algérien, en tenant compte de la qualité naturelle de ces produits de la mer à des prix à la portée des bourses moyennes. Cependant, l'aménagement d'un espace au sein de la ferme a permis aux nombreuses familles algériennes et aux délégations de diplomates étrangers exerçant en Algérie de s'installer, durant quelques instants, le temps de déguster les moules avant de consommer une paella très bien pimentée et garnie de poissons.