Meetings populaires dans les wilayas, conclaves des directions de campagne, participation aux plateaux télévisés, conférences de presse et installation des permanences électorales... Le président du parti Jil Jadid et candidat à la présidentielle d'avril 2014, Soufiane Djilali, ne veut plus perdre de temps. Quelques semaines après l'officialisation, au début du mois de novembre dernier, de son engagement dans la course au palais d'El Mouradia, il met les bouchées doubles pour être au rendez-vous. Le hasard n'a pas sa place dans ce genre de compétition. Seule une bonne préparation, avec d'importants moyens humains et matériels, peut garantir aux compétiteurs d'atteindre avec succès la ligne d'arrivée. Le leader de Jil Jadid semble avoir conscience de ce facteur. Refusant de jouer les seconds rôles dans cette joute, première du genre pour lui en tant que candidat, Soufiane Djilali ne veut commettre aucun ratage. Faire bonne figure est, pour lui, le plus grand défi. Malgré le flou qui caractérise la scène politique en cette période préélectorale, il se dit confiant et être à la hauteur de l'événement. Pourvu que l'élection se déroule dans la transparence. En effet, celui qui a déjà connu l'atmosphère des présidentielles lorsqu'il avait dirigé, en 1995, la campagne du candidat Noureddine Boukrouh, président du PRA à l'époque, n'entend pas se contenter de jouer le lièvre en 2014. «Je suis vétérinaire, je soigne aussi les lièvres», déclarait-il, le 2 novembre dernier, en réponse à un journaliste qui lui avait demandé «s'il ne participe pas seulement pour légitimer une élection dont le vainqueur est connu à l'avance». Quelle est sa stratégie ? Comment compte-t-il procéder pour jouer d'égal à égal avec «des grosses pointures» de la politique nationale qui s'engageront, peut être, dans les tout prochains jours ? Pour répondre à ces questions, nous avons tenté une plongée dans l'univers de Jil Jadid, ce jeune parti créé en 2012 appelé à jouer le rôle d'une machine électorale au service d'un candidat. Un candidat qui, en se plaçant parmi les premiers sur les startings-block, a déjà préparé ses plans : organisation, programme, soutiens et ressources financières. «Une équipe de jeunes motivés» Pour la prochaine bataille, Soufiane Djilali compte sur une équipe de jeunes militants de son parti. Ces derniers sont, depuis l'annonce de la candidature de leur leader, au four et au moulin. Au siège du parti, situé à Zéralda, comme à la permanence électorale ouverte à Haï El Badr (Alger), ces jeunes s'activent «avec beaucoup de conviction». «Nos militants croient en notre projet. Ils se sont engagés sans rien attendre en retour. Ils ne le font pas dans la quête d'intérêts personnels», assure Sofiane Sakhri, jeune enseignant des sciences politiques à l'université d'Alger et un des porte-parole du candidat de Jil Jadid. L'état-major électoral de Soufiane Djilali est installé depuis quelques semaines. Il est composé d'un directeur de la campagne électorale, de deux porte-parole officiels et d'une cellule de communication. Cela en plus d'une quinzaine de coordinateurs et d'animateurs qui se chargeront de l'organisation des sorties du candidat, de la communication et de l'animation des sites et forums internet lancés. Toujours concernant le côté organisationnel, des directions de wilaya sont aussi mises sur pied. «Autour du candidat, il y a une direction de campagne, composée essentiellement des cadres de Jil Jadid et de personnalités qui ne sont pas structurellement affiliées au parti. Cette direction de campagne s'occupera à la fois de tout ce qui est communication et gestion des structures au niveau des wilayas. Au niveau de chaque wilaya, nous avons une direction de campagne qui est composée de 5 à 6 personnes qui sont aussi des cadres du parti et des sympathisants», explique le candidat à la présidentielle. «Dépasser d'abord l'écueil des 60 000 souscriptions» Le dispositif de campagne du candidat repose également sur des sous-directions et des comités de soutien au niveau des communes. Ces structures seront chargées, dans les prochains jours, de l'une des missions les plus difficiles dans le parcours d'un candidat à la présidence : la collecte des 60 000 souscriptions des électeurs, telle que fixée par la loi électorale. «Le rôle de la direction de campagne est d'organiser le dispositif de campagne, commune par commune, et d'installer les comités de soutien. Ces derniers sont ouverts à tout le monde. Ensuite, ces comités vont avoir un rôle avant, durant et après la campagne. Avant la campagne : recueillir les souscriptions. On vise à travers les 500 communes structurées (200 signatures par commune). Si on réalise cet objectif, on atteindra 80 000 ou les 100 000 signatures d'électeurs», précise Soufiane Djilali. Il compte également sur ces structures pour recueillir les financements nécessaires pour sa campagne. Il souhaite avoir, au minimum, 3 millions de dinars. «On compte sur l'aide des comités de soutien. Si chacun d'eux contribue avec 10 000 DA, on pourra réunir les 3 millions de dinars nécessaires. Mais nous ne ferons pas une campagne onéreuse. Nous ferons beaucoup plus une campagne de proximité. On compte également exploiter l'internet et les médias audiovisuels et écrits privés s'ils nous ouvrent leurs portes», ajoute-t-il. Selon lui, en plus des activités de la direction, les structures de base feront, elles aussi, un travail de sensibilisation et d'affichage pour défendre cette candidature. «Ces comités de soutien joueront un rôle important avant et durant la campagne. Durant la campagne, ils se chargeront de la sensibilisation, de l'affichage de la campagne de proximité. Le jour de scrutin, ils vont surveiller les bureaux», dit-il. Et d'ajouter : «Il y a aussi des partis et des personnalités qui veulent nous soutenir. Ils vont l'annoncer au moment opportun.» «Si Bouteflika se présente, je me retire» Le candidat de Jil Jadid se dit en mesure d'affronter, à chances égales, ses probables concurrents dans une joute ouverte. Pour lui, la présidentielle de 2014 se jouera inévitablement en deux tours. Mais à une seule condition : l'actuel chef de l'Etat ne doit pas être de la partie. «Si Bouteflika ne se présentera pas, le jeu deviendra plus ouvert. Dans ce cas, on aura plus de chance d'avoir une élection plus ouverte. Quelles ques soient nos forces, on participera à cette élection. Je pense, qu'actuellement il n'y a pas un leader politique suffisamment fort qui puisse rafler la moitié du corps électoral dès le premier tour. Je pense à un deuxième tour où tous les postulants auront une chance», soutient-il. Selon lui, l'épée de Damoclès qui menace le sort de la prochaine échéance a un nom. «C'est Abdelaziz Bouteflika. Si le Président actuel répond aux sollicitations de ses proches, s'il amende la Constitution à son profit, s'il crée le poste de vice-président, cela signifie qu'avec Tayeb Belaïz et Tayeb Louh, le jeu sera fermé. Dans ce cas-là, toute autre candidature en dehors de celle de Monsieur Bouteflika devient illusoire», estime-t-il, en annonçant sa décision de se retirer dans ce cas. «Nous n'avons pas vocation de faire partie du décor. On est là pour défendre un vrai projet, dans le cadre de vraies élections. S'il n'y aura pas les conditions pour cela, nous ne serons plus partie prenante», prévient-il.