Décideurs politiques, artistes, chefs d'entreprise, cadres, scientifiques, investisseurs ou observateurs se retrouveront à l'hôtel El Aurassi (Alger), demain et dimanche, à la deuxième édition de Fikra, conférence annuelle internationale dédiée au partage d'idées d'avenir. -Dans un pays où la crise a pris plusieurs formes, où la contestation sociale est forte et où l'économie n'avance pas, vous avez choisi la thématique de «l'optimisme, clé du progrès et de la réussite» pour Fikra 2014. Qu'est-ce qui a motivé ce choix ? Franchement, avons-nous le choix ? Soyons honnêtes, pouvons-nous continuer à nourrir toutes les raisons qui nous poussent à ne plus croire ? A mon avis, cela est dépassé. Nous devons créer autre chose. Le plus grand risque que je prends dans l'entreprise Fikra (la première édition a eu lieu en décembre 2012 à Alger, ndlr) est qu'on me prenne pour un utopiste où, pour les esprits les plus tordus, je serais chargé de contrecarrer les humeurs les plus pessimistes. Pour moi, le pessimisme fait partie de l'optimisme. C'est comme le bien et le mal. Mais si on ne parle que du mal, il y aura sûrement un déséquilibre. Mon ambition est toute simple : parler du bien. Sans mentir et sans décrocher en prétendant voir le beau partout. Fikfra est un espace d'inspiration aux forces vives du pays à tous les niveaux, un espace d'échange d'idées. L'optimisme, pour nous, est un levier pour relever nos lignes d'horizon et imaginer un avenir favorable au progrès, un avenir commun. -Donc, les thèmes diffèrent d'année en année… C'est une question qui me préoccupe beaucoup. Allons-nous aborder à chaque fois un thème ? La réponse est oui. Le problème est de trouver une thématique fédératrice qui crée du sens pour notre société. Une thématique qui fédère éditorialement nos speakers. Fikra, pour rappel, est une nouvelle génération de conférences dont le but est de connecter les personnes qui viennent de sphères différentes, économiques, universitaires, culturels… -Et comment se fait justement le choix des speakers pour animer les débats de Fikra ? Nous avons choisi la thématique de l'optimisme. A partir de là, nous avons commencé à chercher les intervenants dont l'activité pourrait avoir un lien avec ce sujet. Nous avons fait beaucoup de recherches, eu de nombreuses demandes, signifié des refus avant d'élaborer un programme solide. Notre véritable difficulté à Fikra est de tenir dans le temps. Si je ne trouve pas une bonne thématique l'année prochaine, Fikra ne sera pas organisée. -Allez-vous vers des thématiques polémiques ? Non, pourquoi ?! Ce serait décider du style avant le fond. Or, c'est le fond qui nous intéresse. Il m'est déjà arrivé dans les conférences auxquelles j'ai assisté, d'être marqué par l'intelligence du propos et la vision d'un speaker. Si nous réussissons à faire la même chose à Fikra, c'est gagné ! Cela dit, il revient aux speakers d'être polémiques ou pas. Je ne m'interdis pas de débattre de la politique. Je ne me force pas d'être politiquement correct. La présidentielle, par exemple, n'est pas un sujet qui peut être pris en charge par Fikra. Il n'a pas sa place. Je construis le cadre, lui donne un sens et j'essaie de réunir les personnes qui ont le plus grand effet sur notre audience. -Vous croyez à l'idée que Fikra évolue en un Davos sud-méditerranéen, idée défendue par Vincenzo Nesci, le PDG de Djezzy, qui vous soutient dans ce projet ? C'est une métaphore de Vincenzo Nesci. Djezzy est notre partenaire officiel. Cela explique quelque peu le côté de networking et connexion entre personnes de Fikra. Par contre, nous ne sommes pas dans une logique d'intelligence ou de lobbying. Davos a un côté business. Fikra est une initiative citoyenne. Les lauréats parmi ces start-up auront un coaching financier et managérial pendant une année. Les jeunes dirigeants en ont besoin, car une start-up est toujours fragile. Dans la précédente édition, nous avons mis en avant dix start-up que Djezzy soutient et qui sont en train de se développer en entreprises actuellement.