Placée sous le sceau de la confidentialité jusque dans la matinée, l'ouverture d'une information judiciaire contre Arrare Djillali, wali d'El Tarf, a été confirmée, hier, par M. Aouak, procureur général près la cour de Annaba. « Effectivement, nous avons travaillé très tard pour dépouiller le dossier, entre nos mains, citant le wali d'El Tarf dans différents actes de gestion de la wilaya d'El Tarf », a-t-il dit. La mise sur la sellette de M. Arrare par la justice est également confirmée par des informations concordantes quant à son remplacement prévu, dans les prochains jours, par Zoubir Bensebane, anciennement wali de Annaba. Entamée dans l'après-midi du samedi, l'audition de M. Arrare a duré jusqu'au petit matin. Elle a fait l'effet d'une véritable bombe au sein de l'opinion publique des wilayas limitrophes de Annaba et d'El Tarf. Elle avait été précédée par la parution dans différents titres de presse de la suspension de fonctions de M. Aouak. « Je ne sais pas pourquoi certains tentent de tromper l'opinion publique en distillant pareille rumeur. Nous condamnons cette méthode. Comme vous pouvez le constater nous sommes toujours au service de la justice et des justiciables. Nous avons même eu l'honneur de recevoir trois de nos confrères français de la cour de justice de Lyon », a-t-il précisé pour démentir formellement ce qui se dit et ce qui a été écrit. Lourd, le dossier du wali d'El Tarf l'est. Des anomalies ont été relevées dans sa gestion de différents secteurs socio-économiques, particulièrement le foncier, les concessions de sablières, les forêts et la passation des marchés publics, dont l'affaire des lycées de Chbaïta et Bouteldja et la réalisation des 284 logements à Dréan ne sont pas des moindres. Des sources concordantes ont affirmé que tous les griefs sont contenus dans les conclusions d'une centaine de pages établies par les enquêteurs dépêchés sur instruction des services de la Présidence. Les enquêteurs avaient eu à leur disposition des documents attestant du bien-fondé des arguments avancés par la multitude de dénonciations. Adressées par des opérateurs économiques et autres administrés affirmant, preuves à l'appui, avoir été victimes des agissements du wali d'El Tarf, ces dénonciations ont imposé à ces services de déclencher une enquête approfondie. Les mêmes sources ont indiqué que les conclusions des enquêteurs font mention, outre de nombreuses anomalies de gestion, du laxisme dont aurait profité le wali d'El Tarf. Ce laxisme aurait progressé dans des proportions plus que troublantes pour s'inscrire dans une politique locale basée sur le mépris des règles usuelles de gestion. Durant la nuit du samedi et jusque tôt le matin, en présence du principal mis en cause, les magistrats près la cour de justice de Annaba se sont succédé pour éplucher le volumineux dossier mis à leur disposition par les enquêteurs. La longue audition du wali devrait être suivie de celles de plusieurs membres de l'exécutif et de l'APW, notamment ceux de la commission des marchés de la wilaya. Durant l'enquête, quelque 200 personnes, entre opérateurs économiques, constructeurs, promoteurs immobiliers et fournisseurs, avaient été entendues par la gendarmerie. L'affaire qualifiée d'« affaire du wali d'El Tarf » est depuis ce samedi dans toutes les discussions de l'opinion publique, particulièrement celle de la wilaya d'El Tarf secouée depuis des années par de nombreux scandales. Il faut dire qu'au fil des années, la gestion de cette wilaya frontalière avec la Tunisie s'était transformée en bureaucratie pavée de bonnes intentions. Récemment, le même wali avait été mis sous les feux de la rampe par différents articles de presse. Ils avaient valu aux correspondants de presse auteurs, des représailles, intimidations, menaces et poursuites judiciaires. Notre volonté d'en savoir plus sur cette affaire auprès du wali d'El Tarf, que nous avons tenté de contacter via son secrétariat, a été ponctuée d'une fin de non-recevoir.