Le procureur général de la Cour suprême a fait appel auprès de la chambre d'accusation à l'ordonnance du magistrat instructeur qui plaçait Djillali Arar, l'ex-wali d'El Tarf, sous contrôle judiciaire depuis le 28 octobre. La chambre d'accusation a infirmé l'ordonnance et prononcé un arrêt de mandat de dépôt contre le prévenu qui a été écroué, hier matin, selon toute vraisemblance. Djillali Arar est accusé de détournement et de dilapidation de deniers publics, de corruption, d'enrichissement illicite, de subornation de fonctionnaires, de passation de marchés douteux, de faux et usage de faux, etc. Djillali Arar a été wali d'El Tarf d'août 2001 au 28 octobre dernier, date de son limogeage par le président de la République. Le jour même de son audition par le juge instructeur de la Cour suprême. Avant cela, Djillali Arar a été successivement wali de Béjaïa, de Tlemcen, de Bouira, Drag et Dral, à Bouira, Béjaïa, etc. Et avant cela, administrateur à l'APC d'Hussein Dey où, dit-on, il avait commencé à tisser de solides relations dans les cercles du pouvoir. Les ennuis de l'ex-wali d'El Tarf ont commencé lorsque le ministre de la Justice a ordonné l'ouverture d'enquêtes dans les différents services de l'administration locale à El Tarf après qu'un faisceau de preuves et de témoignages sur ses agissements a fait réagir les autorités du pays. La boîte à Pandore venait d'être ouverte. Les enquêtes bouclées à El Tarf, mais également à El Harrach, lieu de résidence de la famille de Djillali Arar, vont mener les autorités judiciaires à entendre une première fois l'ex-premier magistrat d'El Tarf par le procureur de la République de Annaba en juin dernier. Le dossier est ensuite transmis à la Cour suprême puisque le wali toujours en fonction bénéficiait du privilège de la juridiction. A la fin de l'été, une première sanction tombe : le wali est frappé d'une interdiction de quitter le territoire national. Mais Djillali Arar n'est pas inquiet pour autant, assuré de ses solides relations, et à ceux qui lui conseillaient de démissionner dans la dignité, il répondait : « C'est Bouteflika qui m'a mis, c'est lui qui m'enlèvera ». Ce que fera le président de la République quelques heures après sur le compte rendu de la délégation dépêchée à El Tarf pour faire entendre raison à l'ex-wali. Djillali Arar apprend la nouvelle alors qu'il est devant le magistrat de la Cour suprême, qui le place sous contrôle judiciaire à l'issue de l'audition. Les instructions des affaires qui constituent le dossier pénal « affaire du wali d'El Tarf et consorts » sont ouvertes simultanément à la Cour suprême et à El Tarf pour ce qui concerne les autres prévenus où on compte, pour deux affaires en cours, quatre mandats de dépôt et pas moins d'une quinzaine de mises sous contrôle judiciaire parmi lesquelles celle du directeur de l'éducation. Soulignons encore que Djillali Arar a été entendu une toute première fois à la Cour suprême au début du mois d'octobre dernier suite à une plainte des promoteurs du gisement de sable de Berrihane qui ont courageusement dénoncé les pressions qu'ils subissaient et les obstacles qu'ils rencontraient depuis qu'ils ont réclamé le remboursement d'un prêt de 1,2 milliard de centimes, contraints d'accorder à l'ex-wali d'El Tarf.