Faute d'une prise en charge sérieuse, le périmètre à sauvegarder se rétrécit de jour en jour. Les pouvoirs publics avaient lancé, il y a quelques mois, une vaste opération de concertation visant à mettre en œuvre un plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur des sites archéologiques de Tamentfoust (ex-La Pérouse). Ce plan, qui a été initié conjointement par les élus de la wilaya et la direction de la culture, semble faire du surplace. Puisque depuis l'avènement des premières rencontres à ce jour, rien de concret n'a été fait. «La question de la sauvegarde des vestiges historiques de l'antique Rusgunia est renvoyée au calendes grecques. Depuis le temps que la direction de la culture a pris la décision de mettre en œuvre ce plan de sauvegarde, rien n'a été fait. Les vestiges historiques de Tamentfoust continuent de subir les affres de la dégradation», affirme Belhadj Hassen P/APC d'El Marsa, dont dépend territorialement la localité de Tamentfoust. En attendant de trouver un terrain d'application pour ces mesures, les sites archéologiques de Tamentfoust subissent de plein fouet les méfaits du pillage et des fouilles clandestines. Le périmètre à sauvegarder s'est considérablement rétréci. De 13 hectares, il est passé à 9,5, et ce, à cause de l'extension effrénée et incontrôlée du tissu urbain. Les particuliers continuent d'exploiter les pierres de l'antique Rusgunia dans l'embellissement des clôtures de leur villa, car en guise de protection d'un des plus importants sites de Tamentfoust, les autorités n'ont rien trouvé de mieux que d'installer une vieille porte de réfrigérateur comme rempart. Derrière cette portière blanche, se trouvent des ruines qui remontent à l'époque romaine, laissées à l'abandon. En face de ces ruines, il y a un terrain d'environ 1000 m2, qui regorge de ruines et de vestiges, dont des fragments paraissent tels des icebergs sur la surface du terrain. Aucune clôture ne délimite cet espace qui est livré aux pilleurs. Hormis le Fort turc qui a été réhabilité, les bains romains et l'ancienne ville romaine ainsi qu'une vieille église sont toujours livrés à la dépravation. Quelques habitants de Tamentfoust, soucieux du devenir de ces vestiges, se sont organisés en association. Ils réclament depuis quelques années déjà l'intervention des pouvoirs publics afin de sauver le peu de vestiges qui restent encore et qui ont échappé, on ne sait d'ailleurs par quel miracle à la dégradation et au pillage. Rappelons que les origines de la ville remontent aux époques phénicienne et romaine, selon les historiens. Son nom, Rusgunia, signifie pour les phéniciens le «cap des buissons». Son nom actuel, Tamentfoust, vient de la langue amazighe qui signifie littéralement «côté droit» (la ville est située à droite pour les montagnards qui descendaient sur Icosium, Alger). Les Espagnols, qui ont colonisé au XIVe siècle cette partie de la Méditerranée, l'ont rebaptisée Matifou. Durant la période coloniale, Rusgunia a pris le nom de La Pérouse, du nom d'un explorateur, Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse. Depuis, la population, pour nommer la ville, hésite entre Tamentfoust et La Pérouse.