Présenter un certificat de bonne santé est certes chose aisée pour Abdelaziz Bouteflika, mais qui aura cette audace de le faire, notamment pour l'aptitude future ? Après une convalescence prolongée et un quasi retrait de toutes les activités présidentielles, l'opinion publique s'interroge aujourd'hui sur l'état de santé de Abdelaziz Bouteflika et surtout sur qui est en mesure, aujourd'hui, de certifier que son état de santé lui permet de briguer un quatrième mandat. Parmi les conditions exigées pour les candidats pour prétendre être président de la République figure bien sûr le certificat de bonne santé en dehors des maladies chroniques inhérentes à l'âge (diabète, hypertension…). Mais il est évident de se demander si, raisonnablement, les séquelles d'un accident vasculaire cérébrale motrices et psychique, dont la récupération semble très longue, sont compatibles avec la fonction de président de la République. Si Abdelaziz Bouteflika se porte candidat, il est ainsi contraint de présenter trois certificats médicaux délivrés par des médecins assermentés. Il s'agit donc d'un certificat de pneumo-phtisiologie attestant l'absence de tuberculose, un certificat de psychiatrie et un certificat sur l'aptitude physique. Authenticité du certificat médical Ce qui s'avère une lourde tâche pour masquer ce qui est aujourd'hui de notoriété publique. Quel est le médecin algérien, puisqu'il s'agit d'un candidat algérien, qui pourra se porter garant de la bonne santé d'un Président «absent et qui ne s'est pas adresser à son peuple depuis plusieurs mois. D'ailleurs, si huit mois après il ne l'a pas fait, il ne le fera pas. Il y a eu atteinte du centre du langage», commente un spécialiste en médecine, qui estime que les Algériens ont le droit d'être informés de l'évolution de l'état de santé de leur Président. «La logique fait que la présidence de la République doit publier une fois par mois un communiqué sur son état de santé», a-t-il signalé. Présenter un certificat en bonne santé et certes chose aisée pour Abdelaziz Bouteflika mais qui aura cette audace de le faire, notamment pour l'aptitude future, sachant que «le risque de récidive est là d'une part, et on n'a jamais une restitution ad integrante, c'est-à-dire qu'on ne revient pas à l'intégrité des territoires atteints par l'AVC. Lorsqu'une cellule du cerveau est morte, elle ne peut se régénérer et c'est pareil pour les neurones», explique un neurologue, tout en précisant que personne ne sait exactement comment il se porte sur le plan cardiovasculaire.Maintenant, dans le cas où ce fameux certificat serait préalablement acquis, il y a lieu de s'interroger sur son authenticité. D'ailleurs, des rumeurs ont déjà circulé sur l'obtention d'un certificat de bonne santé délivré par le centre hospitalier du Val-de-Grâce où il a été hospitalisé pendant quatre mois après l'attaque cérébrale. Et le respect du serment d'hippocrate ! Sur les plans éthique et déontologique, un certificat médical établi par un médecin étranger, de surcroît militaire, est-il accepté dans le dossier d'un candidat algérien à la magistrature suprême ? Le conseil de l'Ordre, à qui revient le rôle justement de veiller au respect de l'éthique et de la déontologie, a les mains liées puisqu'il n'a pas le droit de s'autosaisir, sauf en cas de contestation. Dans ce cas de figure, la question peut être tranchée. Et si ce certificat doit impérativement être signé par des médecins algériens (un groupe de trois), il serait considéré comme une fausse déclaration, donc tributaire d'un conseil de discipline par le conseil de l'Ordre des médecins et sanctionné par la justice. Quelle garantie et protection peut-on assurer à ces médecins qui seront désignés pour faire cette déclaration et prêter serment devant les hautes instances du pays, à savoir le Conseil constitutionnel et le ministère de la Justice ? Deux témoins, et pas des moindres, pour justement valider le dossier de candidature…