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Google a enlevé le pain de la bouche des journalistes
Nidam Abdi. Journaliste, créateur de moteurs de recherche en France
Publié dans El Watan le 14 - 02 - 2014

Déréférencé par Google, NiDam Abdi crie à l'injustice, après que ses moteurs de recherche ont été tués par le même Google.
- Pourquoi êtes-vous en procès avec Google ?

J'ai la particularité, en France, d'être le seul journaliste à avoir été d'abord compositeur typographe, photocompositeur, photograveur, puis maquettiste. J'ai vécu, à la fin des années 1970, à l'école technique de la rue Madame, à deux pas de la Sorbonne, cette mutation entre le plomb et l'informatisation des métiers de l'imprimerie. Le plomb vous donnait une très forte relation avec les auteurs, les photographes et les éditeurs. Lorsqu'arriva internet, la première des choses qui saute aux yeux pour un imprimeur, c'est la disparition du «Bon à tirer» (BAT) qui était la règle jusque-là avant toute publication. En 1999, lors d'une enquête au sujet du moteur de recherche Echo, utilisé par le portail Voila.fr de France Télécom, j'ai compris que celui qui maîtrisera la porte d'entrée sur internet captera la majorité de la valeur du web. J'ai compris surtout que les mathématiques via les algorithmes joueront un rôle essentiel. Jusqu'à 2006, Google était pour moi une start-up américaine à l'image sympathique, mais le hasard d'une rencontre avec des responsables de communication qui conseillent à Paris, le moteur de recherche m'a rapidement montré une autre réalité. Ils venaient d'écrire et de faire publier dans Libération une contribution signée par un responsable allemand du secteur livres de Google. Vous comprenez alors que ce dernier n'a aucune vocation à travailler avec les auteurs et les éditeurs, mais simplement à avancer à pas forcés pour s'imposer comme monopole sur la recherche dans le web, et capter la monétisation de la publicité digitalisée. A l'époque déjà, lorsque vous cherchez sur Infogreffe, le site d'information sur les sociétés en France, vous voyez que le capital de création de Google France est de 7500 euros, que le chiffre d'affaires n'est que d'une dizaines de millions, mais surtout, les gérants sont en dehors de la France, c'est-à-dire en Irlande.

- Et c'est là que vous créez votre moteur de recherche emusicpro…

En juillet 2007, j'ai demandé à l'ingénieur de la filière électrique, Bruno Guillard, qui a créé pour le magistrat Dominique Barella ejustice, un moteur de recherche spécifique au droit, s'il était possible d'inventer sur le même principe une plateforme pour les professionnels de la musique. J'avais déjà sélectionné 6000 sites référents, des noms d'artistes de différents pays et des instruments. Sans oublier que j'ai construit une architecture des différentes thématiques du monde musical : l'édition, la production, la distribution, le spectacle vivant, les instruments et la sonorisation. Emusicpro est né avec cette idée par exemple, que lorsqu'on fait une requête telle «contrat», ne sortent comme résultats que ceux liés au domaine de la musique, et non pas comme sur Google, les contrats d'assurance, de travail, de mariage…

- Comment un déréférencement peut-il tuer un site internet ? Comment cela s'est-il passé avec e-musicpro.com que vous aviez créé ?

En France, comme en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Espagne et en Italie, Google domine à plus de 90% la recherche sur internet et ainsi se place, dès 2004 et 2005, comme la porte d'entrée principale sur le web. A partir de là, si un site web n'apparaît plus sur les premières pages de Google, lors de requêtes concernant les contenus qu'il offre, c'est un handicap presque insurmontable en termes de visibilité. Pour emusicpro.com, il y avait un accord entre la société 1PlusV de Bruno Guillard et Google pour le partage des revenus publicitaires. Par la qualité des premiers résultats dans le domaine musical, emusicpro a commencé à avoir de la visibilité, aidé par un article dans Le Monde, une annonce dans Le Figaro et un passage sur le Billaut Show, chez le pionnier de l'internet en France, Jean-Michel Billaut. Mais le 23 décembre 2007 au soir, Bruno Guillard m'annonce que tous ses moteurs de recherche ont été déréférencés par le robot Google. Après des tentatives vaines d'entretiens téléphoniques avec des ingénieurs du moteur de recherche qui n'avait aucune culture musicale, nous avons décidé d'engager, en 2008, un autre projet de moteur de recherche, mais celui-ci avec du contenu. De rendez-vous en rendez-vous, j'ai fait le tour de ce que Paris compte comme institutions culturelles, pour finir avec deux partenariats, celui d'un éditeur de musique et la BnF. Mais là aussi, les robots de Google continuaient à déréférencer entre 2009 et 2010, ce nouveau projet, eguides.fr.

- Allez-vous plaider votre cause à Bruxelles où le géant américain se retrouve pour entrave à la concurrence ?

En février 2010, Bruno Guillard et le magistrat Dominique Barella ont déposé une plainte devant la Commission européenne, comme une dizaine d'autres plaignants. J'ai insisté et finalement obtenu pour qu'une deuxième plainte soit déposée pour emusicpro en février 2011. En juin de la même année, les avocats de Bruno Guillard ont saisi le tribunal de commerce de Paris contre Google pour un préjudice de 295 millions d'euros. J'ai un avocat qui suit le dossier, mais pour le moment, je n'ai pas été invité par la Commission européenne à être entendu. J'ai obtenu uniquement une réponse du cabinet de Joaquim Almunia, suite à une lettre de la romancière Chochana Boukhobza qui avait testé à l'époque emusicpro.com et qui a de l'estime pour mon expertise de la musique judéo-arabe. Le commissaire Almunia vient de déclarer, le 5 février, que finalement un accord est en cours, suite aux efforts de modification de la part de Google. Je viens d'écrire au commissaire une lettre ouverte, pour expliquer que le versant culturel des abus et de la position dominante n'a pas encore été instruit dans ce dossier.

- Selon vous, les contenus seront de plus en plus gratuits et la publicité phagocytée par les géants de l'internet ?

Bob Woodward, le journaliste du Washington Post, qui a révélé l'affaire du Watergate avec Carl Bernstein, a affirmé, il y a deux années dans Le Monde : «Le jour du décès du fondateur de Google, on écrira sur sa tombe : j'ai tué la presse.» Google, avec l'Internet, a accéléré le phénomène de la séparation de la production du contenu écrit avec l'annonce publicitaire. Lorsqu'on a étudié l'histoire de l'imprimerie, on connaît, au sujet de la presse écrite, au moins quatre moments historiques : 1814, lorsque les Allemands, l'horloger Frederick Koenig et son élève l'ingénieur F. A. Bauer, créent pour le Times de Walker Junior à Londres la presse à vapeur qui permettait d'arriver à un tirage de 7000 exemplaires. 1836, lorsque Emile de Girardin lance La Presse avec des annonces publicitaires pour réduire le prix du journal. Enfin, les années 1940, lorsqu'à Lyon fut créée la photocomposition, l'ancêtre de la PAO. Tout cela est né dans les locaux ou en lien avec la presse écrite. Le problème d'internet, c'est une création entre des universitaires américains et européens, en liaison avec l'administration militaire américaine. En captant tout à la fois la publicité sur internet et en offrant gratuitement l'accès aux articles, Google a enlevé le pain de la bouche des journalistes. Bientôt, il n'y aura plus de journalistes à Aurillac, Saint Brieuc, en France, plus de journalistes à Pise, en Italie, à Caceres, en Espagne, à Neustadt, en Allemagne…, puis à Béchar et Tébessa, en Algérie, pour que l'opprimé puisse venir faire une réclamation contre les puissants de sa ville et région. Pour exemple, au même moment ou le fisc français veut redresser le géant du Net américain pour un milliard d'euros, ce dernier vient de signer un accord avec la Chambre de commerce et d'industrie de Paris.


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