Le clan présidentiel multiplie les initiatives pour reprendre la main après la sortie médiatique incendiaire du secrétaire général du FLN, Amar Saadani, brocardant le patron du DRS, le général de corps d'armée Toufik, présenté comme le premier et dernier rempart à une candidature de Bouteflika pour un quatrième mandat. Après avoir actionné les partis et les personnalités proches du cercle présidentiel qui ont organisé la curée contre le patron du FLN, voilà que de nouveaux acteurs s'invitent dans ce débat du sérail, brouillant un peu plus la lisibilité du climat politique, à quelques semaines de l'élection présidentielle. L'égérie du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, qui a été reçue samedi 15 février à sa demande, a-t-elle fait savoir, par le général de corps d'armée et chef d'état-major M. Gaïd Salah, a ajouté à la confusion générale et à l'inquiétude qui gagne les citoyens. Mme Hanoune peut jurer la main sur le cœur que sa rencontre avec le chef d'état-major n'est motivée que par le seul et unique souci patriotique d'attirer l'attention sur le risque et la menace d'une intervention militaire étrangère en Algérie, la classe politique – qui a abondamment commenté cette entrevue, somme toute inédite dans les mœurs politiques en Algérie – s'est plutôt montrée dubitative et peu convaincue par cet argument… du nouveau chargé de la communication de l'ANP. Personne n'est dupe pour croire que d'autres chefs de parti et personnalités n'ont pas été reçus ou n'ont jamais eu, un jour, au bout du fil un représentant de la «grande muette» pour un briefing ou un débriefing. La nouveauté, cette fois-ci, c'est que le contact a été médiatisé et assumé publiquement par les deux parties. Et parce qu'on prête à Louisa Hanoune une proximité avec Bouteflika, dont elle a toujours loué les orientations et décisions sur certains dossiers stratégiques, des pistes ont été avancées pour tenter de décrypter le message subliminal de cette lune de miel portée sur la place publique. La patronne du PT est pressentie par certaines lectures au mieux comme une candidate de substitution du clan présidentiel pour succéder éventuellement à Bouteflika qui n'a jamais caché ses sympathies pour elle, au pire pour jouer un rôle politique institutionnel important après l'élection présidentielle et la révision constitutionnelle. Le chef d'état-major de l'ANP aurait pu faire l'économie de ce genre de conjecture, somme toute légitime, eu égard au contexte politique particulier du pays marqué par l'enjeu de la présidentielle. Si l'intention du chef d'état-major était de faire passer des messages via la classe politique pour recadrer les choses qui sont parties dans tous les sens à la suite des déclarations de Saadani et réaffirmer les missions républicaines de l'ANP, le cadre institutionnel le mieux indiqué pour cela demeure le Parlement. En tant que membre de l'Exécutif, en sa qualité de vice-ministre de la Défense nationale, il a toutes les prérogatives pour s'adresser à l'APN. Ajouté à cela l'avantage de la transparence qu'offre cette tribune qui lui aurait permis de s'adresser, sans exclusive, aux parlementaires et, à travers eux, aux partis politiques et plus largement au peuple algérien qui ne sait plus à quel «saint» se vouer. L'initiative aurait gagné en crédibilité et évité au pays les dommages directs et collatéraux d'une «guerre des étoiles» réelle ou virtuelle qui donne des arguments de poids aux partisans du boycott du prochain scrutin.