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«La sphère économique est inféodée au pouvoir politique»
Mourad Ouchichi. Economiste, enseignant à l'université de Béjaïa
Publié dans El Watan le 17 - 02 - 2014

Mourad Ouchichi nous explique dans cet entretien la nature de la relation qui existe entre le pourvoir et le monde des affaires en Algérie, ainsi que ses fondements. Une tentative de comprendre l'empressement de certains patrons à se positionner en faveur du Président sortant dont on ignore encore pourtant s'il se présentera à la prochaine élection présidentielle.
-Certaines organisations patronales connaissent un malaise en raison du soutien ou non au président sortant. Il y a cinq ans, tout le patronat avait soutenu le troisième mandat. Qu'est-ce qui le fait courir ?
La question des positions politiques des organisations patronales et celle du syndicat officiel (UGTA) illustre d'une manière frappante la nature du système politico-économique algérien. Il ressort que la sphère économique en Algérie n'est pas autonome, elle est encastrée et inféodée au pouvoir politique. C'est la nature de l'articulation entre l'économique et le politique en Algérie qui explique la persistance du caractère rentier de notre économie et l'échec de toutes les réformes menées jusque-là.
La rente et ses corollaires comme le clientélisme, la corruption et la prédation à grand échelle structurent l'ensemble des relations sociales. Il est donc évident que dans un système pareil, il vous serait très préjudiciable de ne pas miser sur le bon cheval et au moment opportun si vous avez des intérêts en jeu. Or, le flou qui entoure la prochaine élection présidentielle est tel que les cercles les plus proches des centres de pouvoir n'ont aucune visibilité. Il faut admettre que les patrons sont pressés de se prononcer et d'une seule voix au travers d'organisations patronales.
Jusqu'au troisième mandat de Bouteflika, cela n'a pas posé de problème, les choses étaient claires : Bouteflika était le candidat du consensus pour sa propre succession, il n'y avait pas de «guerre de clans» ... en tout cas pas en apparence. Pour la présidentielle d'avril 2014, la «guerre des clans» et l'épais brouillard qui entoure la candidature de Bouteflika empêchent tout calcul. Les patrons qui temporisent pour voir plus clair et bien se prononcer sont terrorisés par l'incertitude. Ils préfèrent pour l'instant agir en individuel, quitte à gagner du temps en simulant des désaccords et autres problèmes de quorum non atteint, etc.

-Que pensez-vous du fait que le monde des affaires où certains des acteurs les plus en vue prennent position en faveur d'un candidat ou un autre ?
Dans le meilleur des cas, il s'agit d'anticipations opportunistes (qui n'ont rien de rationnel au demeurant), d'une course au premier qui aura montré son allégeance et donc qui sera le premier servi en retour.Dans le pire des cas, il s'agit de soutiens apportés sous la contrainte, le chantage et la menace de représailles.

-S'il y a une certaine connivence entre le système politique en place et les acteurs du monde des affaires, de quoi se nourrit cette relation ?
Je ne la définirais pas comme une relation de connivence, mais plutôt comme une «présence parasitaire» pour ce qui est du personnel administratif et politique du système et comme «une attitude d'obligeance» pour ce qui est des patrons.
Un homme d'affaires en Algérie, avant d'engager n'importe quelle procédure administrative dans n'importe quelle institution ou administration, consultera son téléphone pour essayer de trouver quelqu'un qui pourra lui faciliter les démarches et lui éviter les tracas et les va-et-vient.
C'est devenu un réflexe, à tel point que s'il n'a pas de contact direct, il appellera quelqu'un d'autre pour lui dénicher un contact ou une recommandation.Le système s'est structuré (consciemment ou instinctivement) de la sorte et son personnel se partage la faune des hommes d'affaires en véritables «portefeuilles-clients».
Les hommes d'affaires, en plus des simples tracas bureaucratiques, se mettent dans cette position «d'obligés» étant donné leurs craintes inhérentes à l'instabilité institutionnelle, au flou politique, à la peur de mesures de rétorsion ou d'attaques dont ils n'arriveraient pas à identifier la provenance. En somme, ils savent plus que tout le monde qu'aucune institution ne leur garantit sa protection et que le droit a déserté les cours de justice depuis longtemps.
En s'entourant et en fréquentant le personnel politique et administratif du régime, ils se sentent relativement protégés, essayent de s'informer de sources fiables pour ne pas être pris de court, tentent de baser leurs décisions managériales sur un minimum de rationalité dans un environnement très incertain et où l'anticipation est quasi-impossible, se rapprochent et sympathisent avec le brigadier ou le commissaire du coin pour se protéger un tant soit peu dans leur intégrité physique et celle de leur famille. Bien sûr, ces «services rendus» ont un coût pour les patrons et ils les considèrent comme des charges d'exploitation sinon comme des frais d'investissement pour les frais les plus importants, cela va du billet de 200 dinars glissé à l'agent de sécurité de la wilaya, au flacon de parfum de marque «offert» à l'épouse du directeur de wilaya ou à l'inspecteur des impôts, au séjour parisien tous frais compris «offert» au wali, à la prise en charge totale du fils du secrétaire général du ministère (étudiant de son état quelque part en occident) au gros chèque signé au ministre ou à l'officier qui ouvre les labyrinthes de l'administration. Plus on paye, plus on s'approche des sources de la rente. C'est le propre des systèmes autoritaires à économie rentière dans lesquels l'enrichissement n'est pas un fruit du travail, mais résulte de la capacité des réseaux à capter la rente que le pouvoir politique injecte régulièrement pour acheter la paix sociale et de se pérenniser loin de toute légitimité électorale.
-Y a-t-il des exceptions ?
A l'évidence, ce ne sont pas tous les patrons qui se soumettent à cette règle non écrite du système, il y a certes des exceptions mais négligeables devant les puissants réseaux qui foisonnent autour d'individus occupant des positions dans les appareils administratifs de l'Etat. D'ailleurs, cette minorité subit une concurrence déloyale et impitoyable de ces couches sociales oisives de déclassés dont la culture et la psychologie sociale est uniquement fondée sur la lutte pour le pouvoir et ses avantages matériels.
En somme, la relation plus haut évoquée se nourrit de la peur et de l'angoisse des patrons, mais aussi du sentiment de toute puissance et d'impunité, de l'avidité, et de la cupidité des hommes et femmes politiques et de l'administration du système.


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