Les parents d'élèves, avec la grève dans le secteur de l'éducation qui perdure, craignent des conséquences ingérables pour la suite de l'année scolaire. Les deux parties campent sur leurs positions. Les enseignants grévistes commencent à recevoir leur deuxième mise en demeure les sommant de reprendre leur activité. Cela coïncide avec d'autres sanctions touchant d'autres enseignants. Certains verront leur dernier salaire amputé de dix jours. «Ce sont les premières mesures prises par la tutelle, après que la justice ait déclaré la grève illégale», précise Fayçal Haffaf, responsable de la communication au ministère de l'Education nationale. «Les grévistes qui ne rejoindront pas leurs postes après la troisième mise en demeure risquent le licenciement», menace en outre le département de Baba Ahmed. Cette mesure est loin de décourager les syndicats autonomes, qui se disent «déterminés» à se faire entendre. Il n'y a pas eu de reprise de cours dans tous les établissements. «On ne reprendra pas le travail sans engagement écrit du gouvernement concernant la correction des dysfonctionnements contenus dans le statut particulier», répondent les représentants des syndicats autonomes qui ont enclenché la grève depuis plus de 21 jours. Pour la tutelle, il s'agit d'«obstination» des enseignants qui seraient donc en train franchir les «lignes rouges» avec des revendications «non réalistes» qui ne relèvent pas des prérogatives de la tutelle. «Car il est inconcevable de promouvoir un enseignant ayant le niveau du primaire sans condition aucune ou sans qu'il ait bénéficié d'une formation, conformément au classement de la Fonction publique», a déclaré le ministre à ce propos. Pour les enseignants, l'enjeu n'est pas des moindres. «Les dérogations proposées par la Fonction publique ne peuvent pas être la solution, du moment qu'elles excluent une frange des enseignants qui ont donné une partie de leur vie à l'éducation. Selon quelle logique peut-on demander à un enseignant à quelques années de la retraite de montrer son diplôme et de justifier d'une formation pour qu'il puisse bénéficier d'une intégration dans le poste qu'il a toujours occupé, alors qu'au moment de son recrutement, ces conditions n'existaient pas ?», s'interroge l'Unpef, qui refuse de cautionner «l'exclusion de plusieurs catégories de fonctionnaires des promotions et autres privilèges accordés uniquement aux diplômés de la filière enseignement et aux nouvelles recrues» du secteur. Les diplômés des autres spécialités, dont les ingénieurs, en sont privés malgré leurs années d'expérience, déplore le même syndicat. Dans les établissements concernés par le débrayage, les cours accusent un mois de retard, non compris les semaines perdues à la rentrée scolaire faute de disponibilité de salles ou encore à cause de la grève organisée par le Cnapest en septembre. Avant-hier, le ministre de l'Education nationale n'a pas écarté l'éventualité de reporter les examens nationaux, le rattrapage des cours étant impossible, selon la tutelle. Les associations de parents d'élèves interpellent le Premier ministre pour mettre un terme à cette situation de pourrissement. L'Organisation nationale des parents d'élèves presse le Premier ministre d'intervenir afin de «limiter» les dégâts et tarir toute autre source de tension. M. Hadj Dellalou rappelle que si la grève persiste encore, les élèves commenceraient, de leur côté, à réclamer la limitation du seuil du programme concerné par les examens. «Le clou sera ainsi enfoncé et ce sera ingérable», s'inquiète M. Hadj Dellalou, qui estime que «seul l'arbitrage du Premier ministre saura équilibrer la situation».