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Abdel-Halim Berretima : «L'Algérie est confrontée à un épineux problème de régularisation juridique et humaine»
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Publié dans El Watan le 18 - 02 - 2014

Maître de conférences en sociologie à l'université de Béjaïa, membre du laboratoire IRIS (EHESS de Paris), Abdel-Halim Berretima a codirigé avec Gilles Ferréol, professeur à l'université de Franche-Comté et directeur du laboratoire C3S (Culture, Sport, Santé, Société), l'ouvrage collectif Polarisation et enjeux des mouvements migratoires entre les deux rives de la Méditerranée (éditions Mondes méditerranéens, 2013).
-L'ouvrage Polarisation et enjeux des mouvements migratoires entre les deux rives de la Méditerranée résulte d'un colloque international qui s'est tenu en avril 2012 à Béjaïa. Quels ont été les axes déterminants de ce colloque, d'une part, et d'autre part qu'en a-t-il été retenu dans le présent ouvrage ?
L'idée de l'organisation de ce colloque s'est inspirée d'un contexte mondial dominé par l'internationalisation des mouvements migratoires et leurs enjeux politiques et socioéconomiques, soit au niveau intérieur ou extérieur de chaque pays ou continent. Pour bien débattre de cette thématique, on a défini trois axes principaux signifiant les orientations et les objectifs de ce colloque :
l'axe 1 : mouvements migratoires et mise en perspective historique ;
l'axe 2 : la Méditerranée : enjeux socio-économiques et politiques migratoires ;
l'axe 3 : actualités migratoires : quelles motivations, quelles pratiques ?
Pendant ces deux journées, une trentaine de communications ont été présentées traitant de l'aspect sociohistorique, anthropologique, ethnique, sociologique ou politique du phénomène migratoire. Les débats étaient riches en idées opposées et proposées. Mais n'ont été retenues que quatorze communications distinctement thématisées en deux parties dans cet ouvrage.
-Quelles sont les principales transformations, voire évolutions du mouvement migratoire sud-Nord au cours de ces dernières décennies pour les migrants en termes de stratégies migratoires, de projets, de statuts, de profils, d'attentes ? Et pour les sociétés et les pouvoirs publics des pays récepteurs en termes de législation, d'enjeux, de perception /exclusion ?
La crise mondiale actuelle a un impact sur les décisions politiques des pays du Nord et certains pays du Sud. Des deux côtés de la rive méditerranéenne, les pouvoirs politiques ont pris des mesures draconiennes dans l'optique de faire face aux flux des mouvements migratoires venus du Sud. Tout simplement, c'est parce que les mouvements migratoires ont changé de nature et de stratégie. De plus, du phénomène du chômage et de pauvreté, nous assistons à de nouveaux phénomènes qui accentuent la mobilité de populations entières, tels que la sécheresse, les catastrophes naturelles, plus particulièrement les guerres ethniques, c'est le cas de la région du Sahel ou du Moyen-Orient. Nous relevons donc deux cas dans l'évolution des mouvements migratoires : dans le premier cas, nous pouvons parler de stratégies migratoires, de projets ou de statuts.
Le type de cette migration prend alors une dimension que je considère comme «évolutive», car elle concerne une catégorie d'intellectuels, de cadres, d'industriels ou d'hommes d'affaires qui veulent émigrer en Europe, au Moyen-Orient (Golfe) ou en Amérique du Nord pour chercher la liberté ou le bien-être qu'ils ne trouvent pas, en dépit de leur aisance financière, dans leurs pays d'origine. Là, on peut parler de stratégies, de projets et d'attentes. La mobilité des capitaux et des personnes chez cette catégorie de migrants apporte, à travers l'investissement humain ou financier, un plus aux instances fiscales des pays d'accueil. En revanche, l'autre catégorie est celle des migrants, que je qualifie de candidats aventuriers car leur migration, à l'exception des étudiants, est entravée d'obstacles et de contraintes juridiques et politiques souvent sans aucune perspective d'installation définitive.
Dépourvue de stratégie, de projets et d'attente, cette migration va dans le sens de la «dévolution», c'est-à-dire l'incertitude et l'illusion dont l'aboutissement induit l'échec ou la mort. Mais face à une stratégie politique restrictive et d'enfermement des pays du Nord, renforcée par l'instauration du «Pacte européen sur l'immigration et l'asile», adopté en octobre 2008 par le Conseil européen, certains pays du Sud ont voté, de leur côté, des lois condamnant les candidats tentés par l'émigration illégale.
-L'immigration algérienne en France n'est-elle pas particulière : indigènes pendant l'occupation coloniale, immigration de travail, exil de cadres et d'intellectuels pendant la décennie 90 ?
Avec l'évolution temporelle et les mutations qu'a connues la société algérienne, l'immigration algérienne est devenue certes particulière. Lorsqu'on fait le constat des différentes étapes, des parcours, des générations et des vagues migratoires vers la France, on peut dire qu'il existe des particularités d'une époque à l'autre. Mais depuis l'indépendance de l'Algérie, le mot «indigène» qui collait à l'Algérien colonisé est remplacé, depuis les accords d'Evian, par «immigré». Les Algériens sont donc considérés comme des «étrangers» sur le sol français. Leur émigration vers la France était devenue intense provoquant des mouvements continus entre les deux rives de la Méditerranée, ceci jusqu'à l'arrêt officiel en juillet 1974 de toute émigration venant d'Algérie.
Mais le regroupement familial a demeuré d'actualité car les mariages «endogames» et communautaires se poursuivaient empruntant différentes voies régulières et irrégulières. Mais depuis cette date, l'émigration vers la France a pris des dimensions différentes, jusqu'au milieu des années 1990 où de nouvelles formes de migrations sont apparues, conséquence de la violence et d'insécurité ayant marqué la société algérienne. La guerre civile de ces années noires a provoqué un exil massif de cadres et d'intellectuels vers l'Europe, l'Amérique du Nord ou ailleurs. L'exil s'est imposé suite au marasme des violences, des menaces terroristes ou de l'oppression politique.
-Immigrés «hors-la-loi» — «sans-papiers» et «clandestins» —, en Europe est récente. Sont-ils illégitimes par rapport à ceux qui immigrent dans le cadre des lois des pays choisis ?
Lorsqu'on parle de l'immigré «hors-la-loi», on se réfère automatiquement au «clandestin», au «refugié» et au «sans-papiers». C'est-à-dire à l'étranger considéré comme «intrus» dans la société d'installation. Cette catégorisation juridique donne sens à une illégitimité existentielle des «sans-papiers». Différemment de l'immigré légitime, l'immigré «illégitime» est en quelque sorte une personne indésirable par sa condition migratoire non institutionnalisé. Au Maghreb et plus particulièrement en Algérie, l'immigré «clandestin» est appelé Harrag, appartenant au groupe des Harraga. Une population qui intègre la clandestinité préalablement dans le pays de départ. Ces candidats se préparent à l'émigration clandestine dans la temporalité en commençant par la falsification de leur identité et en déchirant ou en brûlant leurs papiers d'identité pour espérer intégrer une autre identité ailleurs. Avant leur projet d'illusion ou leur péril, ils ne laissent aucune trace d'identification de leur ancien statut juridique avant de quitter la terre natale.
-On observe depuis quelques années un mouvement migratoire du Nord vers le sud de la Méditerranée ? Quelles sont les personnes ou catégories de personnes concernées par cette mobilité ? Qu'est-ce qui la caractérise ? Est-elle significative ?
L'inversement des mouvements migratoires du Nord vers le Sud de la Méditerranée est aujourd'hui significatif. Il s'inscrit dans les mutations provoquées par la mondialisation et la crise économique que vivent aujourd'hui les pays du Nord, plus particulièrement européens. Face à la faillite ou à la délocalisation des multinationales, des firmes et des entreprises mondialisées, nombreux sont celles et ceux qui ont perdu leur emploi ou qui ne trouvent pas de poste de travail dans les pays du Nord. Ces mutations conjoncturelles ont provoqué une dynamique migratoire du Nord vers le Sud, porteuse, de la part des multinationales, de savoir et de technologie vers des pays où la main-d'œuvre est bon marché, ainsi que les charges fiscales qui sont plus avantageuses pour les investisseurs étrangers.
-Par ailleurs, l'Algérie est aussi concernée par un mouvement migratoire sud-sud. Faut-il considérer que l'Algérie est en voie de devenir un pays d'immigration durable ou n'est-elle qu'une terre de transit vers l'Europe ?
Certes, l'Algérie est concernée par les mouvements migratoires Sud-sud. L'exemple le plus flagrant c'est la situation politique que vivent les pays du Sahel et l'exode des populations qui ont envahi, ces dernières années, les villes algériennes fuyant les massacres des guerres ethniques en Afrique. Face à cette instabilité politique et sécuritaire, et en dépit des flux migratoires massifs, l'Algérie a décidé de fermer ses frontières avec les pays voisins d'Afrique sahélienne. L'enjeu de cette migration africaine nous interpelle sur le sort de ces nouveaux déplacés, à la recherche d'un statut de «réfugié» ou d'«immigré».
Surtout que le statut d'«immigré» jusqu'à ce jour reste non défini dans la législation algérienne. Par sa position d'intermédiaire ou de transit entre l'Afrique et l'Europe, l'Algérie est confrontée à un épineux problème de régularisation juridique et humaine de ces populations africaines sur son territoire dont les conditions humaines sont déplorables. Des migrants éparpillés dans les différentes villes algériennes s'adonnent à la prostitution, à la drogue et à la mendicité. Le phénomène est très apparent dans les gares, les marchés et les places publiques. Par ailleurs, on assiste à l'arrivée de nouveaux migrants venus de Chine, en passant par l'Europe ou l'Afrique. L'Algérie est alors devenue la destination privilégiée des migrants chinois, des salariés déplacés dans le cadre d'accords économiques entre deux Etats, ou des migrants empruntant des filiales légales ou illégales à travers la circulation transcontinentale entre l'Afrique et la Chine.


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