Après son premier album en1999 et le second en 2003, sous le titre L'Algérie au cœur, l'association culturelle berbère de Kabylie, ACBK, a réédité l'expérience fin 2013 avec un nouveau produit, Le rêve fou, empreint de sonorités modernes et nouvelles. Paris / De notre correspondant Sept chansons, écrites et composées par Tahar Metref, président de l'association ACBK, dont le siège se trouve à Montpellier (sud de la France) évoquent l'exil, la nostalgie d'une Algérie perdue dans les méandres de la corruption et de la régression sociale et culturelle. Mais c'est incontestablement la reprise de la chanson populaire et andalouse Koum tara (Lève-toi et regarde) qui a permis de donner un aspect original à ce nouveau produit. «Cette chanson a été interprétée par plusieurs artistes étrangers, y compris des Chinois. Nous voulions à travers cette reprise montrer qu'il était possible de chanter le morceau d'un autre, à condition qu'il y ait une plus-value, sinon à quoi bon reprendre à l'identique», a expliqué Tahar Metref. Interprétée autrefois par la majorité des artistes arabes et juifs dans sa version originale, avec luth, percussion et violon, Tahar Metref a réussi à la moderniser, en introduisant des arpèges de guitare classique et en lui donnant un rythme légèrement différent et décalé de son rythme ordinaire. Résultat, une chanson entrant plus dans le registre de la musique internationale qu'andalouse. Pour Metref, il n'y a pas plus bel hommage à rendre à la musique andalouse algérienne et à ses virtuoses que de moderniser Koum tara et de la remettre au goût du jour. D'autres titres, aussi recherchés les uns que les autres, parlent du temps qui passe et de l'Algérie. Un sujet présent dans presque toutes les chansons composées par Metref depuis le début de sa carrière musicale dans les années 1970. Des chansons interprétées avec justesse et émotion par son épouse, Yamina, qui, bien qu'elle soit née en France, chante en kabyle avec une diction claire et digne d'une villageoise des hautes montagnes.C'est en Algérie que Tahar Metref a débuté sa carrière artistique en 1970 en compagnie de Boualem Chaker, de Meksa, ainsi que d'autres artistes qui lançaient à cette époque la musique moderne. Faire découvrir la culture berbère aux Français 40 ans après, il est resté fidèle au même style qu'il a enrichi avec de nouveaux instruments, comme le bouzouki, la flûte traversière et même le luth oriental. Mais l'identité de la musique de Metref restent bel et bien les sonorités modernes dont Idir est l'un des principaux porte-flambeaux. Il ne changera pour rien au monde. Bien qu'il respecte la musique folklorique et le chaâbi, Metref trouve ces deux styles plus ou moins redondants et moins novateurs. En plus de la musique, l'association ACBK organise des expositions, faisant découvrir aux Français les trésors cachés des cultures berbère et algérienne. Ces expositions ne sont pas cantonnées à la ville de Montpellier, mais ont atteint les communes et les villages environnants, faisant de l'ACBK une ambassadrice de la culture algérienne dans le sud de la France. Plusieurs hommages ont été également rendus à des intellectuels et artistes algériens, mais aussi français ayant un rapport avec l'Algérie. Des soirées théâtrales et littéraires sont souvent organisées dans les «maisons pour tous» de Montpellier. Elles permettent aux Algériens nés en France de découvrir la richesse culturelle de leur pays d'origine. Soutenue par la mairie de Montpellier, l'ACBK est un acteur incontournable dans le paysage social et culturel de cette ville longtemps dirigée par le député maire socialiste Georges Frêche, qui a su conjuguer culture et développement économique. En France, depuis plusieurs années, le président de l'ACBK voit aussi dans les activités culturelles qu'organise son association un moyen de garder le contact entre les deux rives de la Méditerranée.