La Toile s'est enflammée comme seul le web en a le secret. A l'origine, le site satirique, Bled Mickey, s'est amusé à faire croire que le capitaine d'industrie, Issad Rebrab, après avoir postulé pour la reprise de quatre usines, va racheter le quotidien Libération. Des sites d'information se sont laissé prendre au ton caustique de Bled Mickey. La nouvelle a fait le tour du Net à une vitesse incroyable. Présentée comme un scoop, la nouvelle, sans être vérifiée et sans source, a atterri en quelques secondes sur les réseaux sociaux. «Rebrab veut racheter Libération», «Libération sauvé par Rebrab», les auteurs ont omis de citer Bled Mickey, le Gorafi algérien, ils se sont contentés de parler de «sources françaises et algériennes». Lesquelles ? Au lecteur de deviner. Très vite l'information est relayée, amplifiée, puis démentie par d'autres sites. Pourtant, à lire l'article, au Ton So British, il n'était pas difficile d'y voir un fake. Au lieu de quoi, les internautes ont eu droit à des tartines indigestes pour faire passer une information qui n'en est pas une. Le site «de autodérision à l'algérienne» a annoncé, à côté d'une information vantant le plus gros câlin entre Saadani et Toufik à l'occasion de la Saint-Valentin, que le groupe Cevital va déposer une offre de rachat pour sortir le journal Libération de la crise qu'il traverse. «Selon nos informations, le patron de Cevital, par ailleurs actionnaire du journal algérien Liberté, va proposer de jeter les ponts entre les deux titres, en utilisant indifféremment les imprimeries algériennes ou françaises pour réaliser des économies d'échelle. Certaines pages, comme l'International par exemple, seraient fusionnées». Et à Bled Mickey de conclure très en verve : «Issad Rebrab nourrit également des ambitions pour les sites web des deux marques. Les deux plateformes seraient fusionnées pour voir naître un média hybride d'un genre nouveau : ‘‘Libert'ation'', le premier pureplayer entièrement consacré à l'actualité française et algérienne». Pris les mains sur le clavier, au lieu de démentir leur information et de saluer, pourquoi pas, le fair-play de Bled Mickey, les journalistes bernés se sont réfugiés dans un silence embarrassant. Non, Issad Rebrab ne va pas racheter Libération, n'est-ce pas Bled Mickey ?