Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a réagi hier à l'accusation marocaine, selon laquelle des éléments de l'ANP auraient tiré des balles en direction du poste de surveillance Aït Jormane, dans la province de Figuig longeant la frontière entre le Maroc et l'Algérie. «A partir du moment où nos frontières terrestres avec ce pays sont fermées, les mouvements des ressortissants des deux pays mais aussi des clandestins subsahariens ainsi que les rogues sont de fait illégaux», a souligné le MAE. Diversion Pour Ramtane Lamamra, cette affaire ne requiert pas de «commentaire politique» pour la simple raison que les «frontières sont fermées». Et d'ajouter : «Nous sommes tenus d'appliquer les lois de la République.» Le chef de la diplomatie algérienne, qui n'a pas voulu trop s'étaler sur le sujet à l'occasion d'une conférence de presse conjointe avec son homologue finlandais, Erkki Tuomiojia, en visite à Alger, confirme implicitement cet incident. Mais contrairement aux autorités et médias marocains, M. Lamamra le confine à sa stricte dimension d'une réaction somme toute légitime à une tentative d'incursion sur le territoire national. Un haut cadre du MAE confie que la médiatisation de l'événement s'inscrit dans le sillage des «provocations marocaines» pour faire diversion «aux atteintes aux droits de l'homme dans les territoires occupés». «N'oubliez pas que nous sommes à la veille de l'examen du dossier sahraoui au Conseil de sécurité et que le makhzen tente, par ces manœuvres et ces diversions, de faire capoter l'exigence de l'extension du mandat de la Minurso à la protection des droits de l'homme», confie encore ce haut responsable. Ramtane Lamamra n'a pas jugé utile dans le même ordre d'idées de commenter le périple africain du roi du Maroc que ce dernier a entamé hier à Bamako. «Chacun est libre d'aller où il veut et chaque pays suit une ligne diplomatique propre à lui», a-t-il répondu. LAMAMRA PRESENT À NIAMEY Interrogé par El Watan pour savoir si le long voyage de Mohammed VI, notamment au Mali, ne viserait pas à confronter la médiation algérienne dans le conflit, M. Lamamra a préféré botter en touche. «L'Algérie ne pratique pas l'exclusivisme, elle est même favorable à toute autre contribution acceptée par les parties et qui serait de nature à créer et encourager cette dynamique», a affirmé le ministre. Pour autant, le chef de la diplomatie algérienne souligne : «Quel que soit l'accord qui se réalisera, la grande responsabilité reposera sur les Maliens eux-mêmes, mais la responsabilité des voisins immédiats demeurera engagée à la fois en termes de sécurité, d'économie et d'interaction traditionnelle entre les populations.» Une façon de signifier que l'Algérie est et restera engagée sur le «front» du Mali qui constitue sa profondeur stratégique. «Aujourd'hui, la situation est telle, que l'Algérie est amenée à poursuivre ses efforts, forte de la confiance qui lui est témoignée par les différents acteurs maliens et forte aussi des atouts dont elle dispose», a ajouté le ministre. Plus précis, le ministre des Affaires étrangères a rappelé qu'il sera présent aujourd'hui même à Niamey (Niger), à l'occasion de la présentation de la stratégie de l'Union africaine (UA) en matière de sécurité, de gouvernance et de développement pour la région sahélo-saharienne, conformément au processus de Nouakchott dont l'Algérie est membre. Cette stratégie consiste à «articuler l'action africaine dans les domaines de la sécurité, la gouvernance, la décentralisation et le développement accru des pays du Sahel».