Pour le président Bouteflika, les médias sont coupables d'avoir voulu instiller la discorde entre le chef d'état-major et le patron du DRS. Dans son message adressé aux Algériens à l'occasion de la célébration de la Journée du chahid, le Président a ciblé les médias, les accusant, sous le couvert de la liberté d'expression, d'avoir «des objectifs autrement plus sournois, qui ciblent la stabilité et l'affaiblissement du système de défense et de sécurité nationales». Après des décennies où le régime s'en prenait à «la main de l'étranger» à chaque fois qu'il était en difficulté, voilà que le président Bouteflika choisit de jeter l'opprobre sur les médias en prenant à témoin les Algériens. Ces accusations sont d'autant plus injustes qu'elles touchent une corporation à qui on refuse l'accès à l'information. Le président Bouteflika semble avoir oublié que l'étalage au grand jour des dissensions qui ont touché son premier cercle avec le responsable du DRS a été rendu public par le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, lors d'une interview accordée au site en ligne TSA. Jusqu'à preuve du contraire, le secrétaire général du FLN n'est ni journaliste ni responsable d'un média ; c'est un homme politique qui ne cache pas sa proximité avec le cercle présidentiel et qui milite pour un quatrième mandat du Président. En réalité, Bouteflika, pour des considérations tactiques, a préféré, une nouvelle fois, trouver un coupable imaginaire pour ne pas mécontenter les véritables responsables de la grande confusion qui règne au plus haut sommet de l'Etat.