La prolifération des marques de jus et de boissons gazeuses sur le marché algérien le laissait présager, les chiffres du ministère du Commerce le certifient : l'Algérien est un grand consommateur de boissons sucrées. Son péché mignon : les boissons gazeuses. Selon les données communiquées hier au séminaire sur la qualité des boissons à El Aurassi, les besoins de consommation des Algériens en boissons gazeuses représentent plus de 1,2 million de tonnes par an. En clair, un Algérien consomme, en moyenne annuelle, 37 kg de Hamoud Boualem et autres Coca-Cola et Pepsi. Le cas algérien est particulier du fait que la consommation algérienne dépasse largement la norme mondiale (24 kg par habitant). Pour ce qui est de l'eau minérale, elle affiche une impressionnante progression. Les Algériens absorbent près de 550 l d'eau minérale par an (16 l par habitant), soit une augmentation de 22%. Pour étancher la soif des consommateurs algériens, il existe près de 1400 unités de jus et boissons qui produisent quelque 3,1 milliard de bouteilles de 20 cl (20 % de plus que le Maroc et 40 % que la Tunisie). Le chiffre d'affaires du secteur se situe autour de 35 milliards de dinars. Dans une branche aussi « juteuse », les producteurs de jus et boissons entendent développer leurs unités. Alors qu'ils produisaient près de 12 millions d'hectolitres en 2003, ils prévoient de franchir la barre des 19 millions d'hectolitres en 2008 dont 7 millions d'hectolitres de boissons gazeuses. Objectif : pouvoir exporter les jus et boissons algériens. De l'avis des spécialistes, l'Algérie a des grandes potentialités dans ce secteur. Elle peut exporter, selon le ministre du Commerce, jusqu'à 10 000 t de jus et boissons et 4 milliards de litres d'eau minérale par an. Pour l'heure, elle exporte l'équivalent de 3 millions de dollars de jus et boissons par an. Le secteur est cependant fortement éprouvé par les producteurs peu scrupuleux. « Attention à ce que vous buvez ! », semblait être hier le maître mot des responsables du département du commerce et des grands producteurs nationaux. Beaucoup de produits du marché des jus et boissons ne répondent pas aux règles élémentaires d'hygiène. Même si l'Algérie est le premier pays producteur de jus et boissons en Afrique du Nord, le secteur souffre de nombreux maux. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à voir le bilan de contrôle du département du commerce. En 2005, sur 547 000 interventions, il y a eu pas moins de 93 000 infractions (d'hygiène essentiellement), représentant une augmentation de 12 %. Pour ce qui est de la qualité, les responsables du commerce ont dénombré sur 340 000 interventions plus de 42 000 infractions. Les résultats du début de l'année 2006 ne sont guère meilleurs. Le bilan de contrôle de la qualité du premier trimestre 2006 fait état de 8708 infractions sur 77 576 interventions, soit une croissance de 11 %. Pour cet été, les responsables du commerce craignent le pire. Les intoxications alimentaires dues notamment aux boissons augmentent sensiblement durant la période estivale. En 2005, l'on a enregistré 6000 cas d'intoxications dont 3500 hospitalisations. Dans son allocution d'ouverture, le ministre du Commerce, Hachemi Djaâboub, a mis en garde contre les commerçants peu scrupuleux qui exposent les boissons au soleil. Le problème du lavage des bouteilles des boissons gazeuses a été également au cœur des débats. Le ministère du Commerce prévoit de lancer une vaste campagne de sensibilisation pour limiter les dégâts.