Les enjeux et les problèmes de la filière boissons en Algérie ont été exposés, hier, au siège de l'Ugcaa, par M.Kamel Adiche, président du directoire du Groupe Mami, spécialisé dans la fabrication de boissons non alcoolisées. M.Adiche a ainsi relevé «l'absence de stratégie claire dans ce secteur». Le conférencier a fait un état des lieux de la situation actuelle de la filière. Il a évoqué, à ce propos, une étude réalisée sur le secteur par Euro Développement, PME commandée par l'association des producteurs algériens des boissons «Apab», dont il est membre. L'étude révèle que la production dans la filière est estimée à 11 millions d'hectolitres par an et à 41 litres par habitant. Les boissons gazeuses et les eaux minérales représentent 82% de la production, les jus 5% et les vins 12%. M.Adiche n'a pas manqué d'évoquer les problèmes fondamentaux et «les dysfonctionnements» que connaît le marché des boissons en Algérie. Il cite, entre autres, la faiblesse dans la réglementation des conditions et des normes d'hygiène dans le processus de fabrication, d'étiquetage et de conservation des produits. Le non-respect, par un grand nombre d'entreprises de la filière, des normes alimentaires, la concurrence déloyale et la présence du marché informel ont été également identifiés par le président du directoire du Groupe Mami. Le représentant du ministère du Commerce, M.Yahiaoui Ouali, avait révélé, dans ce cadre, que sur 1260 échantillons de boissons contrôlés, en 2005, dans les laboratoires, 423 ne répondent pas aux normes de qualité requise. Ce qui donne le chiffre de «4 contenants sur 10 sont de qualité pour le moins douteuse pouvant présenter un danger aux consommateurs». M.Adiche a aussi évoqué les coûts des intrants de production (sucre, concentrés...) qui se répercutent sur le prix de la limonade en Algérie. «Pourquoi le gouvernement conserve-t-il des droits de douane aussi élevés sur le sucre (30%)? Pourquoi le sucre blanc cristallisé est classé en Algérie comme produit fini alors qu'il est mondialement admis que c'est une matière première de base? Pourquoi ne pas autoriser les industriels à acquérir leur intrant de production à 0% de droits de douane?» a martelé le conférencier. Toutefois, et en dépit de toutes ces contraintes, la filière couvre près de 90% des boissons du marché national, indique-t-il. Le secteur des boissons a présenté un chiffre d'affaires de 34 milliards de DA en 2004 et emploie quelque 15.000 travailleurs en Algérie. Le taux de croissance de l'emploi dans la filière est de l'ordre de 6% avec une croissance forte en 2003 pour les boissons gazeuses. La production est assurée par 35 unités pour les eaux minérales, 235 unités pour les eaux gazeuses, 44 unités pour les jus en plus de 800 emboutisseurs. Une hausse de 7% est attendue en 2008 par le marché qui produira 19 millions d'hectolitres contre 17 millions/hl en 2004. Aussi, sur 1400 entreprises enregistrées, 430 sont réellement productrices.