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Le CET de Hamici, un gros pourvoyeur d'emplois
Première expérience dans la récupération des déchets
Publié dans El Watan le 22 - 02 - 2014

Mohamed arrive vers 13 heures au Centre d'enfouissement technique de Hamici. Il intègre l'équipe de l'après-midi.
A aucun moment, ce jeune de 22 ans ne s'est montré gêné quant au travail qu'il accomplit. Il travaille comme trieur de déchets dans à l'entreprise Gecetal (Gestion du centre d'enfouissent technique d'Alger), un métier que refusent d'emblée des milliers de jeunes, préférant sombrer dans l'oisiveté. Raison ? Mohamed perçoit 33 000 DA par mois. Il bénéficie aussi d'une couverture sociale. Ce qu'il n'avait pas auparavant lorsqu'il travaillait comme manœuvre dans de nombreux chantiers de bâtiment dans la région de Douéra. «J'étais très mal payé.
En dépit de la tâche pénible que j'accomplis, je n'étais même pas déclaré à la sécurité sociale», se rappelle Mohamed avec amertume. Originaire de Mahelma, une commune à l'ouest d'Alger, Mohamed qui ne possède aucun diplôme à part le certificat de 2e année moyenne, ne compte pas quitter le CET de Hamici pour changer de boulot au améliorer son salaire. «J'ai travaillé dans beaucoup de domaines et je sais ce qu'est le travail chez le privé», déclare-t-il. Ce centre de collecte et de tri des déchets demeure le seul investissement générateur d'emplois dans cette région de Sidi Abdellah, à l'ouest d'Alger.
Aucune démission depuis l'ouverture du centre
Les témoignages des jeunes rencontrés au CET de Hamici effacent l'image de la jeunesse algérienne qui ne veut travailler que comme gardien de nuit. Aucune démission n'a été enregistrée depuis l'ouverture de ce centre, d'après le témoignage de Souhila Ladjrem, directrice de cet EPIC. Les témoignages de nombreux trieurs rencontrés sur place prouvent que les jeunes algériens ne refusent pas d'exercer les métiers les plus pénibles pourvu qu'ils soient payés en fonction de leurs efforts. Le nombre de demandes d'emploi qui arrivent dans ce centre témoignent également de l'engouement de ces jeunes. Ceux qui ont un niveau d'études limité ne cherchent qu'un emploi décent, même ci c'est un travail dur. Pour faire fonctionner la troisième unité de tri, le CET de Hamici a eu recours au bureau de main-d'œuvre pour le recrutement. 1251 demandes sont déjà sur la table du responsable du recrutement pour ne choisir que 43 trieurs ! Y a-t-il des critères de sélection ? «L'essentiel est que le candidat jouisse de toutes ses capacités physiques pour accomplir le travail manuel», précise la directrice de ce centre soulignant à l'occasion qu'il y a des jeunes qui n'ont jamais été à l'école dans cette région à cause du terrorisme.
Et ceux qui ont réussi à intégrer les bancs de l'école ont à peine le niveau 6e année. «Nous allons procéder en fonction de la date d'inscription au bureau de mains-d'œuvre. Mais nous allons privilégier les gens de ce secteur», explique le chef du personnel. Ces fonctionnaires auront à travailler 6 heures par jour pour un salaire qui varie entre 32 000 et 35 000 da. Pour l'embauche des agents de sécurité, l'expérience professionnelle et l'âge demeurent deux critères essentiels. Ainsi, il faut quatre ans d'expérience dans le domaine et avoir entre 28 et 35 ans pour être recruté dans ce centre qui s'étale sur 95 ha.
Ce dernier récupère les déchets de 23 communes limitrophes du site. Après la fermeture de la décharge d'Ouled Fayet, le centre commence à recevoir aussi des déchets de certaines communes de l'est d'Alger. Bien qu'elle soit la première expérience dans la récupération des déchets, tout semble bien fonctionner, à l'exception du comportement de certains chauffeurs des camions appartenant aux APC. C'est en tout cas le seul problème dont se plaignent les travailleurs et les gestionnaires de ce site. «Certains sont impatients et dans le cas où ils ne sont pas surveillés, ils déversent leurs déchets n'importe où. Ces chauffeurs n'ont pas encore compris que le CET est une EPIC et non pas une décharge», déplore un chef trieur.
«Nous avons même signalé le comportement de certains chauffeurs qui ne respectent pas le règlement de ce site», affirme la directrice. Pourtant, dans ce CET où on reçoit 200 camions/jour, les chauffeurs ont au maximum 5 minutes pour déverser les déchets. L'opération de la récupération des déchets est réussie surtout pour le plastique. Pour les autres matières, la récupération reste à la traîne. La première cause est d'ordre industriel : l'usage du plastique comme emballage des produits alimentaires, notamment les boissons, est plus fréquent que l'usage des autres matières, à savoir le verre, l'aluminium, etc. La récupération du papier demeure quasiment impossible. Le papier arrive au centre complètement souillé. Mme Ladjrem rappelle à cette occasion la nécessité du tri sélectif.
Les déchets des abattoirs et hospitaliers interdits
La mise en place des chefs trieurs a mis fin au mélange des déchets, notamment ceux des hôpitaux et des abattoirs qui sont interdits dans ce centre. Et les déchets récupérés, notamment le plastique, sont vendus aux industriels privés. «Nous avons eu deux ventes aux enchères. Nous envisageons de faire des conventions avec des industriels algériens», ambitionne la directrice de ce centre. Le plastique est cédé à 21 da le kg. Le CET reçoit 80 tonnes de déchets par jour et récupère 32 t/j. Soit 40% du total des déchets reçus. «Même les pays développés n'ont pas atteint 50% du recyclage des déchets», souligne Mme Ladjrem.
En plus du centre de Hamici, la capitale est dotée de deux autres CET, à savoir celui de Corso et de Réghaïa. Mais ce dernier semble très mal reçu par les habitants de cette localité de l'est d'Alger. Depuis quelques jours, les citoyens de Réghaïa investissent la rue et ferment tous les axes routiers. Ils réclament l'annulation de ce projet qui est programmé sur une surface agricole et pas loin des habitations. Hamici reste le plus grand centre avec une capacité de 10 millions de tonnes de stockage des déchets ultimes. Lorsque tous ses services deviendront opérationnels, ce centre comptera entre 350 à 400 travailleurs, dont 20% affectés au travail administratif.


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