La mise en place de ralentisseurs dans les rues et ruelles de Tamanrasset suscite la polémique, d'autant que le réseau routier de la ville est en piteux état. Si les autorités locales voient dans ce projet une solution et un moyen de prévention contre les accidents de la route, les automobilistes, eux, déplorent l'anarchie qui règne dans l'installation de ces ralentisseurs, lesquels sont à l'origine de la congestion de la circulation et des embouteillages enregistrés notamment aux heures de pointe. «Que les responsables locaux réhabilitent d'abord le réseau routier avant de mettre en place ces ralentisseurs. On ne peut pas mettre la charrue avant les bœufs», se lamente un automobiliste. Le pire dans cette situation est que l'opération a été réalisée cahin-caha, compte tenu de la nature des ralentisseurs posés et de l'absence de la signalisation routière, verticale et horizontale, qui devrait se faire conformément au code de la route. Les quelques tronçons épargnés par la dégradation sont truffés de ralentisseurs, notamment ceux menant vers les institutions sécuritaires. Pourtant, les textes de loi réglementant l'implantation des ralentisseurs et les conditions de leur mise en place existent. Leur application sur le terrain reste toutefois soumise au bon vouloir des responsables. Ces derniers ne se soucient, semble-t-il, que de l'exécution de ces projets inscrits sans stratégie aucune, quitte à verser dans l'anarchie. Ce qui en dit long sur la politique dépensière de cette collectivité, qui perd de plus en plus l'attrait et le mode de vie dignes d'une capitale du tourisme saharien. Les automobilistes se plaignent quotidiennement des dégâts causés à leurs véhicules à cause du délabrement avancé des routes et des dos d'âne qui poussent comme des champignons. «C'est trop. On arrive à peine à slalomer entre nids-de-poule, crevasses et dos d'âne qui jonchent la quasi-totalité des routes. Nous nous retrouvons avec des pannes très importantes. Les amortisseurs et la carrosserie en souffrent, nos véhicules ne résistent plus aux secousses causées par les dos d'âne dont la pose s'est faite sans aucun respect des normes prévues dans le schéma d'aménagement, en application de la réglementation», clame un autre automobiliste. Et de poursuivre : «Toujours est-il que ces mesures ne sont pas appliquées, comme chacun peut le constater sur le terrain. Il y a eu certes quelques éliminations de ralentisseurs par le passé, notamment lors de la visite du président de la République dans la wilaya, en avril 2011, pour des raisons évidentes. Cependant, les autorités ont tôt fait de les remplacer par d'autres, encore plus élevés.» Les autorités concernées ont, de leur côté, tenu à expliquer que la pose de dos d'âne intervient dans le cadre de la prévention contre les drames routiers. L'alibi reste loin de convaincre les automobilistes, qui s'interrogent sur l'utilité d'un tel projet quand les routes sont entièrement défoncées. Autrement dit, comment a-t-on obtenu l'autorisation d'implanter des ralentisseurs sur des tronçons parsemés de crevasses ? On n'aura jamais la réponse, du moins pas avant le 17 avril, pour ceux qui aspirent au changement.