Le leader de Jil Jadid, Soufiane Djilali, confirme la décision de son retrait de la course au palais d'El Mouradia. Il refuse de prendre part à ce vaudeville. Pour lui, il n'y a plus d'élection et il faut que les Algériens se mobilisent contre «le vol d'un pays». Le président de Jil Jadid se retire officiellement de la course à la présidentielle et appelle à «une période de transition pour éviter le chaos». «Le processus électoral devient un processus de renversement de la République», a-t-il dénoncé lors d'une conférence de presse animée hier Alger. Le leader de Jil Jadid affirme que la décision de son retrait de la course au palais d'El Mouradia, attendue depuis quelques jours, «a été entérinée par le conseil national du parti, réuni vendredi en session extraordinaire». «Nous refusons de prendre part à ce vaudeville. Nous avons réuni plus de 61 000 signatures d'électeurs, sans compter celles des wilayas du Sud qui ne sont pas encore parvenues à la direction. Notre dossier est fin prêt, mais nous n'allons pas le déposer auprès du Conseil constitutionnel», précise-t-il. Selon lui, l'article 141 de la loi électorale ne permet pas au candidat ayant déposé son dossier auprès du Conseil constitutionnel de se retirer de la course. «Si je dépose le dossier, le Conseil constitutionnel comptabilisera la candidature et je ne veux pas que mon nom apparaisse dans la liste des candidats qui justifieront cette mascarade», enchaîne-t-il. Pour Soufiane Djilali, il n'y a plus d'élection et il faut que les Algériens se mobilisent contre «le vol d'un pays». «Il ne reste que la pression populaire pour renverser la situation, mais de manière pacifique.» «Ce n'est pas un combat de coqs. Il faut que le peuple se mobilise contre le vol d'un pays et non pas seulement de l'argent», lance-t-il, en se disant prêt à négocier avec des partenaires politiques pour trouver une solution et entreprendre des actions de terrain contre le fait accompli que le régime veut imposer aux Algériens. Le président de Jil Jadid réaffirme, dans la foulée, son soutien aux manifestants, dont des cadres de son parti, contre le 4e mandat et condamne, par la même occasion, la répression de cette manifestation par les forces de police. Ce faisant, Soufiane Djilali dénonce aussi le parti pris de l'administration et de toutes les institutions de l'Etat. Le processus de renversement de la République est, indique-t-il, entamé depuis de longue date avec un Premier ministre qui a «piétiné le principe de neutralité» et une télévision publique «transformée en boîte de propagande». «Les RG engagés dans la collecte des signatures pour Bouteflika» «Pis encore, l'administration est mise en branle pour recueillir les signatures au profit de Bouteflika. Par exemple, Sonatrach a demandé à ses travailleurs de signer les formulaires pour Bouteflika en leur promettant de débloquer les prêts demandés et qui peuvent aller jusqu'à 60 millions de centimes. Dans les APC, des agents des renseignements généraux (RG) demandent aux fonctionnaires de puiser directement dans la matrice du fichier électoral pour remplir le formulaire du candidat Bouteflika», ajoute-t-il. Et de marteler : «Le coup d'Etat se fait au nom de Bouteflika contre les Algériens et l'Algérie.» Dans ce sens, il critique l'administration qui, «auparavant, faisait voter des morts et aujourd'hui veut nous faire voter pour un mort». Estimant que le prochain scrutin constitue un danger pour le pays, Soufiane Djilali dit avoir des doutes quant à la tenue de cette échéance. «J'ai de grands doutes qu'il y ait une élection le 17 avril. Il y a trois scénarios possibles : soit les partisans de Bouteflika imposeront le 4e mandat, à ce moment-là, la situation dégénérera et ce sera le chaos ; soit la population s'exprime et réagit contre cette mascarade, ce processus s'arrêtera et c'est la meilleure solution pour le pays. Le troisième scénario est de continuer à croire à un changement par les urnes, et cela ne se produira pas», souligne-t-il, appelant à une période de transition d'une à deux années pour mettre en place les conditions d'une élection libre et transparente. «Il est évident que le processus électoral actuel n'est pas la solution. Le système est en fin de cycle. Cet acharnement pour le 4e mandat est un signe qu'ils s'accrochent au bord d'un ravin», dit-il.