Dans la marine, on appelle cela des tirs de torpilles. L'ancien commandant des forces navales algériennes et candidat à la présidentielle s'est employé à bombarder, à l'arme lourde, le président de la République et ce qu'il désigne comme «le clan». Lors d'une conférence de presse, tenue hier au siège du parti Jil Jadid, Mohand Tahar Yala a justifié son retrait de la course à l'élection d'avril en pointant du doigt le dispositif de fraude déjà mis en place en faveur du candidat Abdelaziz Bouteflika. «Un clan maffieux a pris en otage le pays pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir. Ce clan met le peuple devant le fait accompli d'un 4e mandat qu'il voudrait imposer par une élection truquée d'avance, pour introniser ce pouvoir illégitime et inconstitutionnel», a-t-il affirmé. Pour le général, «le clan a neutralisé toutes les institutions de la République et a accaparé tous les leviers de l'Etat. Il a placé ses hommes partout pour garantir les résultats d'une élection construite et jouée d'avance : le Premier ministre, également président de la Commission de préparation des élections ; le ministre de l'Intérieur chargé de les organiser ; le ministre de la Justice chargé de les contrôler ; le Conseil constitutionnel chargé de les valider.» Mais Mohand Tahar Yala va plus loin et accuse les proches du Président de vouloir instaurer une monarchie. «Ce clan considère que la situation est désormais mûre pour instaurer un régime monarchique, de type dynastique, qui anéantirait la souveraineté du peuple», a-t-il déclaré, tout en lançant un appel pressant aux anciens de l'ALN pour leur rappeler «le serment qu'ils ont fait au peuple, serment scellé par le sang des martyrs, leurs compagnons de lutte aujourd'hui disparus». Le désormais ancien candidat invite, par ailleurs, les partenaires de l'Algérie, les grandes puissances, en particulier la France, «à sortir de la vision des intérêts étroits et à court terme qui les pousseraient à s'ingérer dans nos affaires intérieures pour imposer au peuple algérien une solution qu'il récuse». Face à cette situation, l'ancien haut gradé de l'armée demande l'arrêt du processus électoral et insiste pour que le peuple se mobilise pour remettre en cause l'élection d'avril. «Nous exigeons l'arrêt immédiat de cette dérive. Nous appelons le peuple algérien à se mobiliser pour exiger l'arrêt d'un processus électoral mortifère pour le pays, pour la nation, pour la République, pour toutes les libertés démocratiques, individuelles et collectives.» Même s'il estime que «chacun est libre de ses choix», il demande aux autres candidats de se retirer de la course à la présidentielle. Et maintenant ? Pour le moment l'ancien candidat ne sait pas quelle suite donner à sa démarche. «Je veux continuer à combattre pour un Etat de citoyenneté», s'est-il contenté d'affirmer sans plus de précision. Mohand Tahar Yala voulait mettre en place un «pacte national de citoyenneté», nourri et enrichi par un débat populaire incontournable qui impliquerait toutes les composantes de notre société pour être soumis ensuite à référendum. Ce texte devait être l'acte fondateur de la IIe République. Le général à la retraite, Mohand Tahar Yala, est le quatrième candidat à annoncer son retrait de la course à la présidentielle, après Soufiane Djilali, Kamel Benkoussa et Ahmed Benbitour.