Hier mardi, Ali Benflis s'est rendu à son tour au siège du Conseil constitutionnel où il a déposé les listes des signatures collectées par ses partisans en faveur de sa candidature. En accomplissant cette formalité, l'ancien chef du gouvernement a ainsi infirmé la rumeur le donnant avoir renoncé à la participation à l'élection présidentielle. En maintenant sa candidature, il s'est attiré la critique du côté des partisans du boycott de cette élection de faire ce faisant le jeu du pouvoir. Le même jour, l'autre ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour et le général à la retraite Mohand Tahar Yala ont eux par contre annoncé qu'ils se retireraient du processus électoral. Benbitour a justifié sa décision en arguant qu'en réalité les urnes du 17 avril ne «seront qu'un leurre et une piraterie légalement soutenue». Ajoutant qu'une fois de plus en Algérie «les forces de la fraude auront pris le dessus sur l'argumentation convaincante». Le général à la retraite Yala a donné à la sienne la raison «qu'un clan maffieux a pris en otage le pays pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir» et qu'il a mis ainsi le peuple algérien devant «le fait accompli d'un quatrième mandat qu'il voudrait imposer par une élection truquée à l'avance pour introniser ce pouvoir illégitime et inconditionnel». Mais si ces deux personnalités se sont retirées du processus électoral, elles ont déclaré qu'elles allaient poursuivre néanmoins leur combat en faveur d'une solution pour empêcher que perdure le statu quo dont le pouvoir a opté pour le maintien. Benbitour en faisant savoir qu'il va être solidaire avec les forces et personnalités qui ont lancé l'appel au boycott de l'élection présidentielle, Yala en déclarant agir dorénavant pour que soit arrêté le processus électoral en cours. Il est indubitable que le «front du refus» et du boycott anti-quatrième mandat s'est élargi au constat que Bouteflika sera bel et bien partant pour le briguer. Pour tenter de démontrer «l'inanité» de ce front anti-quatrième mandat, les partisans du président candidat ont récolté large les signatures en sa faveur. Bouteflika aurait de ce fait déposé des listes comportant plus de quatre millions de signatures. Histoire de créditer de cette façon que sa candidature a été suscitée et portée par une «demande» populaire qui ignore les oppositions s'exprimant contre le maintien au pouvoir de leur favori. La «performance» du président candidat peut apparaître en effet comme la démonstration que Bouteflika n'est pas aussi contesté que le prétendent ses adversaires. Cela si on a la naïveté de croire que la collecte en sa faveur des signatures s'est faite sans le «coup de pouce» incitatif et à base d'arguments «convaincants» que les démembrements de l'appareil d'Etat ont donné à l'opération menée par les partis et organisations acquis à l'option du quatrième mandat. Cet «engouement» populaire présenté comme préfigurant un plus large encore lors du scrutin du 17 avril est pour les tenants du boycott la preuve au contraire que la manipulation et le détournement de la souveraineté populaire seront bel et bien au rendez-vous de ce scrutin. Que feront ces citoyens dont l'adhésion et les sympathies sont revendiquées par chacun des camps en présence ? La campagne électorale qui démarre bientôt permettra d'en décrypter les opinions pour se forger un point de vue sur leurs intentions concernant l'élection présidentielle.