Nourredine Moussa, ministre du Tourisme, a déroulé le tapis rouge aux investisseurs lors de sa participation, mercredi dernier, à la rencontre-débat organisée par Club Excellence Management en collaboration avec le Forum des chefs d'entreprises. Le ministre a proposé, notamment, aux hommes d'affaires d'investir dans le programme d'aménagement des 22 zones d'expansion touristique (ZET) qui seront au nombre de 42 à l'horizon 2007. « Nous comptons sur vous pour être la locomotive du tourisme en Algérie », a-t-il déclaré. Il a aussi souligné le poids du secteur dans le monde qui a enregistré 808 millions de touristes en 2005 (5% de progression) et généré 514,4 milliards de dollars de recettes en 2004, ce qui représente 10% du PNB mondial et 12% du PIB mondial. Le tourisme est réputé pour être un secteur créateur d'emplois. Dans le monde, il représente 207 millions d'emplois, soit 8% de l'emploi total mondial. La Méditerranée reste la destination touristique numéro un au monde avec 260 millions de visiteurs et 400 millions attendus en 2025. Le ministre a expliqué aussi les atouts du tourisme algérien (proximité des marchés émetteurs, sites vierges et non saturés, existence de thèmes culturels porteurs) et les points faibles (absence de culture touristique, insuffisance de l'hôtellerie 2 à 3 étoiles, secteur thermal peu développé avec 202 sources recensées, environnement peu attractif, personnel peu qualifié et inadaptation des vols aériens). Ainsi la politique du développement du tourisme à l'horizon 2015 repose sur quatre axes : résorber le déficit en matière de capacités d'accueil par la relance de l'investissement, la mise à niveau de la prestation touristique, la refonte du système de formation et la communication et la promotion de l'activité touristique. Elle vise à l'appropriation de 2 millions de touristes étrangers et 2 millions de nationaux établis à l'étranger avec 20 millions de nuitées. Le ministre a décoché une flèche à « la multitude d'agences de voyages qui n'arrivent pas à se hisser en tour opérateur (TO). La Tunisie a 300 agences de voyages avec 4 millions de touristes et nous avons 750 agences et nous n'arrivons pas à ramener des touristes car le touriste d'affaires vient tout seul ». Il a annoncé que les statut de l'Office national du tourisme (ONT) vont être revus pour lui permettre de jouer pleinement son rôle. Les préoccupations des intervenants lors du débat qui a été riche et dense tournent autour du financement des projets, le foncier et l'accompagnement de l'Etat par la promotion de l'image de l'Algérie. Omar Ramdane, président du Forum des chefs d'entreprises, ouvre le bal : « Puisque notre pays a les moyens, pourquoi attendre les investisseurs ? Pourquoi l'Etat ne réalise pas les projets des ZET ? Il faut inciter les investisseurs nationaux à l'innovation (crédits bancaires à long terme). Il faut avoir le courage d'aller à l'encontre des idées reçues ; ailleurs, on cède le terrain pour rien. Arrêtons aussi de répéter que nous avons 1200 km de côtes. La France en a 5500 km, l'Espagne 2370 km et l'Italie 7438 km. L'Etat doit être plus généreux pour les crédits à long terme. » Mohamed Bachtarzi (BDL) a rassuré les présents quant au financement des projets touristiques en s'engageant à accorder des prêts « pour peu que les projets soient matures et fassent l'objet d'études ». Issad Rebrab, président du groupe Cevital, apporte de l'eau à son moulin : « Les investisseurs ont besoin de facilités et l'Etat doit créer les facilités nécessaires pour réaliser les projets. » L'homme d'affaires Réda Hamiani abonde dans le même sens : « La conception moderne du tourisme ne se résume pas à construire des hôtels. Il faut des loisirs et des complexes et l'Etat doit s'engager dans les ZET, s'inspirant de l'exemple de Yasmine Hammamet Sud, aménagé par l'Etat avec un environnement divertissant. » Le ministre reprend la parole : « On a l'impression d'occulter ce que l'Algérie a passé. Le tourisme ne cohabite pas avec le désordre et l'insécurité. Pour nous, 4 millions en 2015 avec le maintien du taux de croissance de 20% pour les étrangers est un défi. Le tourisme est un secteur important pour le gouvernement qui veut diversifier ses revenus hors hydrocarbures. Nous osons rêver pour croire que c'est l'alternative de demain. L'Etat se désengage de la sphère de gestion et renforce sa présence en réglementant, régulant, contrôlant et accompagnant les opérateurs. Les agences de voyages devront développer des alliances avec les grands TO étrangers. Quant à la promotion, elle est sensible. Nous essayons de régler sa vitesse avec la progression du secteur. »