Le centre-ville de Ouargla a connu, mercredi, de violents heurts entre chômeurs et forces de l'ordre. Les échauffourées, qui ont commencé vers 11h, se sont calmées vers 15h pour reprendre, au même endroit, à 18h30. Dans l'après-midi, la rumeur de la relaxe des trois chômeurs arrêtés dans la matinée a été infirmée en fin de journée. Estimant que la promesse de la police n'a pas été tenue, les chômeurs sont donc revenus dans la rue vers 18h30. Les faits. Le mercredi est la journée où les offres d'emploi sont habituellement affichées dans les différents bureaux affiliés à l'ANEM. Ce serait en réaction au dispatching des nouvelles offres d'emploi – notamment à l'Enafor (filiale de Sonatrach), Sonelgaz et Schlumberger, opérant à Hassi Messaoud – que les chômeurs des quartiers chapeautés par l'agence Ouargla 1 ont décidé de se regrouper, dès 9h, au niveau du rond-point faisant la jonction entre les quartiers Gharbouz, Harkat, Bahmid et le ksar. Un jeune affirme que «l'offre d'emploi de l'Enafor a été affichée durant 10 minutes à peine, c'était un leurre, comme pour provoquer une réaction agressive de la part des chômeurs. J'ai vite compris que les privilégiés étaient déjà inscrits et que c'était trop tard pour les pauvres». Personne n'a compris d'où est venue la première étincelle. Ce qui était un simple regroupement de chômeurs, comme on en voit presque chaque jour à Ouargla, a dégénéré en émeute. Les manifestants scandaient des slogans contre «Les inégalités de l'ANEM», «L'occultation des offres rémunératrices». Le grand sit-in devant l'emblématique Rose des sables a fini par bloquer la circulation dans tous les sens. Aucun véhicule n'a pu emprunter une des sept directions menant aux différents quartiers de la ville. Des jeunes accouraient de partout quand des voix ont entrepris de dénoncer le 4e mandat. Provocation de la police Selon des témoignages concordants, l'intervention des policiers venus en renfort, dans la matinée, a commencé avec les premiers cris contre le 4e mandat. «Des policiers ont alors entrepris de nous jeter des pierres, ils ont insulté des jeunes qui passaient leur chemin», affirme un témoin oculaire. Selon lui, «un policier a insulté ma mère alors que je ne faisais que passer. Comme tout le monde, je voulais savoir ce qui se passait au juste, j'ai dû aller m'expliquer avec lui et c'est là qu'il a demandé à ses collègues d'intervenir». Les policiers étaient menaçants, forçant les jeunes à quitter les lieux, ajoute notre interlocuteur. Vers 11h, les policiers ont commencé à lancer des bombes lacrymogènes. Poursuivis à travers les ruelles attenantes au siège de l'ex-daïra, les jeunes utilisaient des cailloux et autres projectiles pour se prémunir des coups de matraque. Un habitant du ksar témoigne de l'usage excessif des gaz lacrymogènes. Les vidéos de nos collaborateurs montrent des policiers traînant à terre des manifestants, alors que le chef de sûreté de la wilaya infirme tout recours à la violence. M. Bettache a déclaré, en fin de soirée, à El Watan, que «le bilan provisoire des heurts fait état de 6 blessés parmi les policiers et 3 chômeurs arrêtés, dont nous avons annoncé la libération ce matin pour apaiser la colère des jeunes».