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A Ouargla, le chômage sans fin
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Publié dans El Watan le 07 - 03 - 2014

Le 14 mars 2013, 5 000 personnes manifestent à l'initiative de la CNDDC sur la place Tahrir pour dénoncer le manque de travail. Le Premier ministre promet un plan d'urgence. Mais un an plus tard, les manifestations sont hebdomadaires.
Il n'y a eu aucun bus pendant toute la matinée. Une cinquantaine de chômeurs étaient venus pour protester contre «l'affichage inéquitable» le matin des offres d'emploi de Sonatrach. Lorsque les forces de l'ordre sont intervenues, cela a dégénéré. Résultat, le centre-ville a été paralysé pendant plus de 4 heures. «C'est comme ça toutes les semaines», soupire un habitant. Quelques jours plus tôt, ce sont les routes principales de la ville qui avaient été bloquées par des jeunes en colère qui réclamaient la création d'une agence de l'ANEM dans leur quartier. Impossible de se rendre à l'aéroport ou de prendre la route de Ghardaïa.
Eloignée de la capitale, isolée, la ville de Ouargla vit au rythme de la colère sociale de ses jeunes. Pourtant, il y a un an, c'est ici que 5000 personnes s'étaient réunies à l'initiative de la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDDC) pour manifester contre le chômage. Les revendications sont les mêmes depuis 10 ans, mais la mobilisation et le succès de la manifestation avaient impressionné. La pression de la rue a poussé les entreprises et les autorités locales à être plus à l'écoute, mais la situation n'a toujours rien d'idéal.
Viré
Hichem, trente ans, «erre» tous les jours. Un passage à l'ANEM pour voir les offres, un CV déposé. Après, il faut tuer le temps. Il y a un an, Hichem, titulaire d'une licence en production pétrolière, était au chômage. Aujourd'hui, il l'est toujours. Il a bien réussi un test d'aptitude pour une entreprise pétrolière il y a plusieurs mois. Mais il n'a reçu aucune nouvelle. Il a fini par s'inscrire à une formation en premiers secours avec le Croissant-Rouge. La cinquantaine passée, la mère de Hichem est soucieuse. Ses quatre fils, tous diplômés, sont au chômage et ses deux filles suivent désormais une formation professionnelle. «Je m'inquiète beaucoup pour eux. Je les ai toujours poussés à étudier, à avoir des diplômes. Je suis contente de voir qu'ils ne rechignent pas à cumuler les petits boulots pour ramener de quoi nous faire vivre», sourit-elle.
Djaâfar, le cadet de la famille, a tout juste 27 ans. Il a quitté les bancs de l'université pour travailler comme livreur chez Candia. «Pendant 5 ans, je me suis levé chaque jour à 5h pour commencer ma tournée de 6h à 15h. Mon salaire est passé de 20 000 à 22 000 DA et je payais de ma poche toute marchandise volée ou détériorée», raconte-t-il. C'est sa mère qui l'a convaincu de suivre une formation de superviseur en hygiène, sécurité et environnement (HSE). Cette spécialité est très demandée dans la région et bien rémunérée, mais peine perdue. Djaâfar a pu décrocher un poste dans le cadre du dispositif d'insertion professionnelle des jeunes diplômés (DAIP).
Dans ce dispositif, l'Etat rémunère des bac+3 9000 DA par mois. L'Algérienne des eaux, son employeur, a fini par le licencier et a recruté un privilégié à sa place après 9 mois de contrat. Au fond de la pièce, Missoum, le troisième garçon de la famille, a le regard noir. Il y a un an, il a tenté de se suicider sur le toit de la wilaya pour faire valoir ses droits. Agent de sécurité de l'entreprise 2SP, il venait d'être licencié car il était en grève pour demander le respect des droits sociaux. Son employeur avait exigé qu'il signe une attestation sur l'honneur formulant son regret d'avoir fait grève et d'avoir nui à son employeur ainsi qu'un engagement à ne plus protester. Il avait refusé de signer.
Aujourd'hui, il attend toujours la concrétisation de la promesse du wali de Ouargla de réintégrer les travailleurs de Sonatrach Gassi Touil. Il continue à se présenter chaque matin au cabinet du wali, où un médiateur continue à négocier avec Sonatrach malgré l'engagement de l'entreprise auprès des autorités locales. D'une déception à l'autre, les trois frères sont devenus défaitistes. Persuadés que rien ne changera, que les autorités ne feront rien, que les initiatives ne fonctionneront pas. Hichem et ses frères n'ont pas été pris en charge, ni accompagnés ni informés. C'est une habitante qui conseille, ce jour-là, Hichem d'aller prendre des cours de soutien d'anglais et de français, gratuitement, dans un centre culturel de la ville, pour améliorer ses chances d'embauche. Deux jours plus tard, le jeune homme a rendez-vous pour un cours d'anglais.
Soudure
Donner de nouvelles compétences aux chômeurs, c'est aussi l'objectif du centre de formation aux métiers du pétrole de Sonatrach, créé il y a un an, sur demande des autorités. Dans un immense hangar transformé en école, une quarantaine de jeunes tentent d'apprendre les rudiments de la soudure de tuyau de gaz ou de pétrole, encadrés par des professionnels. «C'est un centre indispensable, explique le directeur, Mohamed Benhada. Après la formation, qui dure 6 mois, ils sont qualifiés pour des métiers indispensables au secteur des hydrocarbures et reçoivent un diplôme. Toutes les entreprises de la région ont besoin de soudeurs.»
Au mur, un tableau récapitule les étapes de la soudure. Masque de protection sur le visage, les élèves apprennent à gérer l'intensité de la flamme du chalumeau et la précision de leurs gestes. Au centre, 3 salles de classe et des vestiaires. «C'est une bonne chose pour nous. Tous les moyens pour apprendre sont disponibles», affirme, Hocine, 43 ans, qui est resté au chômage pendant 3 ans. Pourtant, à l'issue de la formation, il n'y a pour le moment aucun emploi à la clé. Le centre est entièrement financé par Sonatrach. Les élèves, tous sélectionnés au sein de la wilaya de Ouargla, ne paient rien des 400 000 DA de frais. Pourtant, l'entreprise ne recrute pas les jeunes qu'elle a formés. Haussement d'épaules des responsables du centre, ils ne peuvent pas expliquer ce qui semble une aberration.
Sonatrach
Dans les locaux de la direction de la formation professionnelle de Ouargla, Abderrazak Mohamed Zakkour non plus ne sait pas comment expliquer les décisions de l'entreprise Sonatrach. «L'engagement de Sonatrach était l'insertion d'office des stagiaires, mais elle n'a pas été respectée. Ils ont promis des postes. Nous n'avons toujours rien vu», dit le directeur. La direction affirme avoir rempli sa part du contrat : aujourd'hui, 14 000 personnes suivent une formation professionnelle dans la wilaya. Abderaouf Madani, membre fondateur de la CNDDC, n'est pas surpris par les difficultés d'insérer des jeunes au sein de Sonatrach. «Abdelhamid Zerguine, le PDG, et le Premier ministre n'ont pas de pouvoir sur Sonatrach, affirme-t-il. Lorsque les autorités avaient fixé un rendez-vous avec le PDG de Sonatrach pour discuter du chômage et proposer des postes aux jeunes, j'ai refusé. Je leur ai dit que seul le général Mohamed Touati pourrait me donner des places au niveau de Sonatrach.»
En revanche, des postes ont été créés et proposés aux chômeurs au sein de la DGSN. Le trentenaire a bien une explication : «Au sein du système, il y a des gens qui s'opposent au gouvernement. Ces gens-là ont dit au Premier ministre et aux autorités : OK, on vous donne des postes. Mais quand les chômeurs sont allés les voir, ils les ont renvoyés chez eux. Résultat, la colère se concentre contre le gouvernement.» Au final, les postes les plus simples à obtenir semblent être au sein de la Fonction publique. Tahar Belabès, le leader de la CNDDC, a fini lui aussi par obtenir un emploi à l'ENSP à Hassi Messaoud, tout comme la majorité des chômeurs qui se réunissaient chaque soir devant la wilaya pendant le mois de Ramadhan. Tahar Belabès a abandonné la direction de la CNDDC.
Son remplaçant a lui aussi trouvé un emploi et est peu disponible. Mabrouk Daoui, 28 ans, attend toujours d'être rappelé pour un test qu'il a réussi au mois de mai. «J'étais parmi les 10 premiers. Ceux qui ont eu des scores inférieurs à moi ont été embauchés. J'attends», soupire-t-il. Il en est certain, même si le climat social est similaire, en un an, les choses ont changé. «Nous n'avons plus peur de sortir dans la rue pour demander des comptes aux autorités. Nous sortirons autant de fois qu'il le faudra», affirme-t-il.


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