Skikda, Ouargla et Laghouat, ces trois villes pétrolières algériennes, symboles de la manne financière nationale, sont le théâtre de la désespérance sociale. Depuis des mois, des dizaines de chômeurs, constitués en collectifs au sein du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), exigent, devant les agences nationales pour l'emploi (Anem), l'accès à un emploi stable. Ces chômeurs dénoncent leur mise à l'écart des bénéfices de la manne pétrolière qui représente 40% du PIB, en raison d'embauches de personnes extérieures à ces régions par les multinationales étrangères et les compagnies algériennes. «Nous réclamons du travail depuis dix ans, en vain. Rien qu'à Ouargla, il y a une offre de 40000 emplois pour 5000 chômeurs de la région, mais les entreprises ne recrutent pas localement et ramènent des travailleurs hors zone», affirme Tahar Belabès, coordinateur national du CNDDC. Officiellement, le Fonds monétaire international (FMI) évalue le taux de chômage des jeunes à 21%, contre 50% il y a dix ans. Des chiffres que contestent les collectifs de chômeurs qui dénoncent par ailleurs la précarisation à outrance des jeunes diplômés. Le CNDDC déplore en outre des agissements illégaux de la part de l'Anem. «Nous réclamons en urgence une enquête indépendante sur les dépassements, la corruption et les passe-droits », déclare Riad Lamri, porte-parole de la CNDDC à Skikda. Abbes Hadj Aissa, responsable de ce même collectif sur la ville de Laghouat, fustige le chantage exercé par «l'Anem (qui) utilise les postes de travail à pourvoir à des fins électorales, en exigeant (des chômeurs) qu'ils adhèrent à des partis», dans la perspective des élections législatives d'avril 2012.