Les problèmes du langage et de l'orthophonie en particulier étaient, hier, au centre des débats lors du 4e colloque international, ayant pour thème : « Sciences du langage, traductologie et neurosciences », organisé par le laboratoire des Sciences du langage et de la communication (Slancom) à l'hôtel Dar Diaf, à Alger, en collaboration avec la Société algérienne d'orthophonie (SAO). Cette rencontre scientifique, à laquelle ont pris part des spécialistes du langage étrangers et algériens, vise, selon les organisateurs, à encourager les recherches en matière d'orthophonie pour son développement afin d'assurer le traitement des problèmes orthophoniques en Algérie, éviter ainsi les déplacements vers des pays étrangers, a indiqué Nacira Zellal, présidente de la SAO. Pour elle, la prise en charge médicale orthophonique à l'étranger « ne représente pas une solution », et ce, pour des raisons financières d'une part, et culturelles d'autre part, soulignant, dans ce contexte, que la rééducation « doit se faire dans la langue maternelle ». Mme Zellal a ajouté que les personnes souffrant de problèmes orthophoniques « doivent acquérir les instruments et les éléments propres à leur éducation et à leur culture », notamment par l'implication de réflexions pluridisciplinaires qui mêlent la médecine, la psychologie clinique et la linguistique en même temps. L'organisation de ce colloque sera également une opportunité pour les chercheurs algériens dans différents champs de l'orthophonie de prendre connaissance des expériences étrangères qui seront présentées, deux jours durant, par une vingtaine de chercheurs français et libanais. Il est utile de savoir que l'orthophonie est un métier de santé publique qui prend en charge des patients ayant perdu l'usage du langage ou de la voix, suite à une lésion du cerveau, une surdité, un cancer laryngé, un bégaiement ou un retard mental. Le pari à gagner Le choix de ce thème a pour objectif, selon la présidente de la SAO, de vouloir gagner un pari, mettre à contribution les tenants des trois sciences fondamentales de l'homme dans la réflexion sur cette thématique. La linguistique structurale, acquisition, bilinguisme, didactique, neurosciences cognitives, pathologie du langage, thérapies psychologiques, neuropsychologiques et la traductologie sont entre autres les thèmes développés lors de cette rencontre. Traitant de la question relative à l'enseignement et à l'acquisition d'une langue seconde, Feuillard Colette de l'université Paris V estime que le langage et le processus de communication « sont intimement liés à nos attitudes physique et mentale et au fonctionnement du cerveau ». Pour elle, l'acquisition d'une langue seconde ne peut être assimilée à celle d'une langue première, certains processus cognitifs étant déjà mis en place, en particulier des savoirs déclaratifs et procéduraux relatifs à la langue maternelle. Elle a signalé que l'enseignement d'une langue seconde doit nécessairement prendre en considération ces acquis, tout en recourant à une méthodologie spécifique, compte tenu de la maîtrise préalable, même si elle n'est que partielle, de la langue première. Nacira Zellal, du laboratoire Sciences du langage et communication de l'université d'Alger, a souligné que pour installer une langue didactique, il faut avoir acquis au préalable la langue maternelle. « Car par cette langue, l'enfant acquiert les prérequis à même de lui permettre l'accès à l'écrit », a-t-elle précisé. La phoniatrie et la surdité étaient aussi deux thèmes abordés lors des travaux. Djamel Djennaoui, chef du service ORL (CHU Mustpha), a mis l'accent sur l'implantation cochléaire en Algérie. Une technique, selon lui, qui tarde à s'imposer en raison du prix de l'implant. Le bégaiement, un problème souvent rencontré chez les jeunes enfants, a été aussi un des problèmes soulevés. Souad Guedouche, du département de psychologie, des sciences de l'éducation et d'orthophonie de l'université d'Alger, laboratoire Slancom, a précisé que « solliciter le remède à la souffrance d'un sujet bègue ne signifie pas nécessairement la disparition totale du bégaiement lorsqu'il s'agit d'un cas difficile ne cédant pas facilement à la rééducation orthophonique ». « L'intervention psychologique ne vise pas à rééduquer le bégaiement, mais à le faire accepter par le sujet qui le présente, en lui donnant le statut d'un être qui a une autre façon de parler », a t-elle expliqué.