Décidément, la colère gronde au sein des travailleurs du Groupe industriel du papier et de la cellulose (GIPEC). En effet, dans une déclaration rendue publique hier par la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie (FNTPGC), affiliée à l'UGTA, il est fait état d'une volonté délibérée d'un « démantèlement pur et simple » de toutes les unités de production que compte ce groupe relevant du secteur public. Cette réaction, venue à la suite de la réunion tenue le 23 juillet des 13 unités composant toute la chaîne du papier (production de la matière première et distribution), au siège de la SGP GEPHAC, qui a sous sa coupe les entreprises du secteur de la chimie et de la pharmacie, les rédacteurs de la déclaration accusent l'administration de vente concomitante ayant pour objet le paiement des salaires impayés des travailleurs contre un démantèlement de toutes les unités du groupe. Signée par le chargé des questions économiques à l'UGTA, Mohamed Lakhdar Badreddine, la déclaration du syndicat considère que « cette pratique inqualifiable qui traite du droit des travailleurs ne disposant que de ce seul revenu pour subvenir aux besoins de leurs familles ne peut avoir l'adhésion de la fédération ». Le syndicat qualifie cette tendance au démantèlement de toute l'industrie du papier de « hasardeuse et hâtive » au vu de son rôle stratégique. Et d'expliquer, entre autres, par les « besoins toujours croissants pour le secteur éducatif tous cycles confondus ; la nécessité pour l'hygiène et toute la chaîne de conditionnement des produits alimentaires et autres ; le recours systématique à l'importation même actuellement ainsi que la perte des 1500 emplois, source de revenus de 1500 familles ». Considérant qu'il ne peut souscrire « à une mise à mort de tout un potentiel industriel prometteur et indispensable à la vie économique, sociale et culturelle du pays », la FNTPGC indique que sa position « s'inscrit dans la logique d'une vision industrielle nouvelle qui doit être l'un des piliers du pacte économique et social en cours d'élaboration ». Même si les unités de GIPEC sont toutes éligibles à la privatisation, le syndicat, qui ne semble pas prendre option pour le rejet, en appelle tout de même aux pouvoirs publics « à une prise en charge du dossier des entreprises de la cellulose et du papier », et ce, en déterminant « une politique de réhabilitation des unités de production et préserver, sinon promouvoir la filière de l'industrie du papier, combien stratégique pour le pays ». Enfin, le syndicat n'a pas omis de demander aux pouvoirs publics « d'ordonner » le paiement des arriérés de salaires des travailleurs, qui concernent notamment les unités de Souk Ahras, Saïda, Mostaganem et celle de Baba Ali. Récemment, le PDG du groupe Mohamed Merzouk avait déclaré à El Watan que des négociations sont en cours avec des Saoudiens pour la reprise de quatre filiales du groupe. Cependant, le PDG de GIPEC dit ne pas désespérer « de ramener à la raison » les pouvoirs publics afin, dit-il, « d'opter pour une stratégie de sauvetage industriel » de la filière papetière en Algérie. Estimé à 520 000 t/an, le marché du papier en Algérie pèse environ 400 millions de dollars US avec une croissance annuelle de 3 à 4%. Deux producteurs nationaux assurent près de la moitié des besoins des Algériens en papier, à savoir GIPEC et Tonic Emballage.