La reprise d'audience du procès opposant l'ex-wali de Jijel au quotidien El Watan, après l'arrêt de la Cour suprême du 31 mai 2012, s'est déroulée hier à la cour de Jijel en présence du directeur du quotidien, Omar Belhouchet, et du chroniqueur Chawki Amari. Le directeur d'El Watan a tenu à rappeler devant le juge la particularité de la chronique qui, contrairement à l'article informatif, dépeint une situation comme le fait de manière tout autant artistique un caricaturiste. Il a insisté aussi sur l'usage du conditionnel dans la présentation des informations contenues dans ladite chronique intitulée «Un bel été à Jijel», parue dans l'édition du 17 juin 2006. Il rappellera ce qui se dessine et s'écrit actuellement à propos du président de la République, sans que cela ne suscite de telles réactions contre les journalistes. Il précisera qu'il n'y avait là «aucune intention de nuire à la personne qu'on ne connaît d'ailleurs pas et avec qui nous n'avons aucun problème». Pour sa part, l'avocat de la partie plaignante, Me Saïd Leghrib, qui caractérise les faits de graves, a affirmé qu'en tant que lecteur d'El Watan «la première chose que je lis, c'est la chronique de Chawki Amari, mais le jour du 17 juin 2006, son écrit avait dépassé les limites. Il comprend une diffamation du wali. Aujourd'hui, a-t-il encore développé, les gens de Jijel parlent toujours en bien de l'ex-wali.» Et de conclure : «La diffamation est présente, et c'est pour ça que Chawki Amari doit être soumis à la rigueur de la loi.» Pour sa part, l'avocat de la défense, Me Zoubeir Soudani, a posé la question de savoir qui est la partie civile ? Il s'est interrogé si c'était le wali ou la wilaya, estimant qu'il y a là une confusion totale. Si c'est le wali, a-t-il poursuivi, «il est tenu, conformément à l'article 337 bis du code de procédure pénale, de verser entre les mains du greffier une consignation», sous peine de nullité de toute la procédure. Or, lui, il n'a pas payé. Si par contre, a-t-il ajouté «c'est la wilaya, elle n'est pas du tout évoquée dans l'article incriminé et on ne voit pas comment elle peut être victime de quoi que ce soit». Pour le deuxième argumentaire, Me Soudani a développé l'idée qu'il s'agit d'une chronique construite au conditionnel dans une conjoncture où il y avait des poursuites pénales contre certains walis, preuve en est que deux walis ont été condamnés, celui d'El Tarf et celui d'Oran, alors qu'un troisième, celui de Blida, est actuellement en prison. Dans son réquisitoire, le représentant du parquet a requis une amende de 100 000 DA, alors que la partie civile a demandé un dédommagement solidairement payé par les deux accusés de 5 millions de dinars. L'affaire a été mise en délibéré et le verdict devrait être prononcé le 25 mars.