Les partisans de l'ancien président islamiste, Mohamed Morsi, sont descendus, une nouvelle fois, dans la rue pour dénoncer le coup d'Etat du 3 juillet dernier. Le Caire (Egypte) De notre correspondante Le quotidien Al Chorouk titre «100 000 policiers pour affronter le chaos du 19 mars». Cela faisait plusieurs jours que chaque camp préparait cette journée. D'un côté l'Alliance anti-coup, emmenée par la confrérie des Frères musulmans, a appelé à une nouvelle vague de manifestations à l'occasion du troisième anniversaire du référendum qui avait eu lieu le 19 mars 2011, et que la confrérie avait soutenu au côté du Conseil suprême des forces armées. «Le 19 mars est le début d'une nouvelle vague révolutionnaire qui va rétablir la volonté du peuple», promet l'Alliance anti-coup sur son compte twitter. En face, l'appareil sécuritaire égyptien. Ce dernier annonce le déploiement massif de ses hommes pour «maintenir la sécurité dans les rues du pays». «Des milliers d'officiers de police ont été mobilisés pour l'occasion», précise le quotidien Masry Al Youm. Dans la matinée, des marches ont été organisées dans plusieurs villes du pays. Mais également dans l'enceinte de plusieurs universités, au Caire, à Alexandrie et à Assiout. Devant le campus de Beni Souef (à 100 km au sud de la capitale), des affrontements ont éclaté entre la police et les étudiants. Un jeune garçon de 13 ans a été tué alors qu'il se trouvait à proximité de l'université et trois étudiants blessés, d'après le dernier bilan du ministère de la Santé. Le Sinaï, une guerre à huis clos Mais en cette journée anniversaire, le «chaos» était peut-être ailleurs… A une trentaine de kilomètres au nord du Caire, dans la province de Kaloubia. Un colonel et un général, deux démineurs, ont été tués lors de l'attaque d'un repaire de membres présumés d'Ansar Beit Al Maqdis (les Partisans de Jérusalem), assure le ministère de l'Intérieur. Ce groupe disant s'inspirer de la nébuleuse djihadiste Al Qaîda a revendiqué plusieurs attentats contre les forces de l'ordre égyptiennes. Le dernier en date avait coûté la vie à six soldats, lors de l'attaque d'un poste de contrôle routier samedi dernier au Caire. Selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, l'opération dans le Delta ciblait les personnes soupçonnées d'avoir participé à cette dernière attaque. Cinq personnes auraient été tuées et quatre arrêtées au cours du raid. Cette énième opération s'inscrit dans un contexte d'attaques quasi quotidiennes contre les forces de l'ordre égyptiennes : depuis l'été 2013, plus de 200 policiers et soldats ont été tués. En réponse à cette recrudescence d'attentats, le gouvernement intérimaire dit poursuivre la «guerre» qu'il mène «contre le terrorisme». Son principal terrain ? La région du Sinaï, d'où serait originaire le groupe djihadiste Ansar Beit Al Maqdis. Chaque semaine, l'armée communique sur l'arrestation de «terroristes», la destruction de caches d'armes, le démantèlement de réseaux de soutien au sein de la population bédouine. Une opération décisive pour un gouvernement qui a misé une grande partie de sa popularité sur la lutte contre le terrorisme : à plusieurs reprises, le ministre de la Défense et maréchal, Abdelfattah Al Sissi, a rappelé l'importance de la campagne de sécurité en cours dans cette péninsule délaissée pendant des décennies par les autorités du Caire. Mais plusieurs questions demeurent encore sans réponses. Qui sont les combattants islamistes combattus dans le Sinaï? Des bédouins égyptiens ? Des étrangers ? Que s'y passe-t-il vraiment ? Une guerre à huis clos au regard du peu de journalistes autorisés à se rendre sur place.