Après le fait accompli de Vladimir Poutine qui a entériné le rattachement officiel de la Crimée à la Russie et les menaces de représailles occidentales, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ira aujourd'hui sur les lieux pour tenter de limiter les dégâts… Ban Ki-moon devra «rencontrer aujourd'hui, à Moscou, le président Vladimir Poutine et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Puis se rendra demain à Kiev pour y discuter avec les nouvelles autorités», a annoncé hier un communiqué de l'ONU. Sans doute que le SG des Nation unies a été forcé à précipiter son déplacement compte tenu de la tension induite par l'annexion de la Crimée par la Russie, que les puissants du Conseil de sécurité ont dénoncée d'une seule voix. Le communiqué de l'ONU précise d'ailleurs que cette visite «fait partie de ses efforts diplomatiques pour encourager toutes les parties à résoudre la crise actuelle de manière pacifique». Si le spectre de la guerre est plus ou moins évité jusque-là, les Occidentaux et l'ONU savent que la situation n'en est pas moins préoccupante. Signe de cette grave tension, le vice-président américain, Joe Biden, a déclaré depuis Varsovie que les Etats-Unis pourraient envoyer des troupes selon un système rotatif dans les pays baltes, pour rassurer ces anciennes républiques soviétiques inquiètes par l'incorporation de la Crimée à la Russie. Le vice-président américain a estimé que «tant que la Russie continue dans sa sombre voie, elle devra faire face à un isolement politique et économique croissant». Le plan de riposte de l'occident De son côté, le Premier ministre britannique, David Cameron, a déclaré hier que le G7, dont les dirigeants sont convoqués lundi à La Haye, devrait discuter «de l'exclusion permanente de la Russie» des rangs du G8. «Je crois important que nous agissions en concertation avec nos alliés et partenaires, et que nous discutions s'il convient ou pas d'exclure la Russie de manière permanente du G8, si d'autres mesures sont adoptées», ajoute-t-il. C'est à peu près ce qu'a pensé le président américain, Barack Obama, qui a invité mardi les dirigeants du G7 et de l'Union européenne à se réunir la semaine prochaine à La Haye, en marge du Sommet sur la sécurité nucléaire, pour débattre de la situation en Ukraine. L'exclusion de la Russie du groupe des nations les plus industrialisées, dont elle est membre à part entière depuis 2002, est l'une des sanctions internationales envisagées suite au rattachement mardi de la Crimée à la Russie. Le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, avait indiqué mardi que l'ONU croyait toujours en la diplomatie pour résoudre cette crise malgré le fait accompli et l'intransigeance du Kremlin. Il faut rappeler que 13 des 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU avaient soutenu , samedi matin, un projet américain de résolution condamnant sans équivoque le référendum sur le rattachement de la Crimée à la Russie. Moscou y avait mis son veto, bloquant l'adoption du texte, alors que la Chine s'abstenait. Ce haussement de ton intervient le jour même (hier) où la Cour constitutionnelle russe a validé à l'unanimité le traité sur le rattachement de la Crimée à la Russie, signé la veille par le président Vladimir Poutine. En tout état de cause, la tension est à son paroxysme dans le conflit entre l'Ukraine et la Russie et la situation risque à tout moment de déraper. Les forces russes qui occupent deux bases navales de l'Ukraine avec leurs marins font monter la tension. Le président ukrainien par intérim a d'ailleurs donné, hier soir, un ultimatum de «trois heures» aux autorités de la Crimée pour libérer le commandant de la marine ukrainienne capturé dans la matinée, ainsi que «tous les autres otages». Autant dire qu'il suffit d'une étincelle…