Monsieur, si l'histoire de ce pays vous a, par pudeur, oublié ces quarante dernières années, c'est bien parce que des moudjahidine et des moudjahidate, meurtris dans leur chair, se refusent d'entacher par leurs intimes questionnements, votre «carrière révolutionnaire», devenue piteusement, votre seul fonds de commerce. Si ce n'est l'actualité bouillonnante, l'obsession du buzz médiatique devenue une fin en soi, la disparition programmée de toute éthique, et pas que dans le domaine du journalisme, vos propos narcissiques et hasardeux auraient été relégués dans l'indifférence que réservent les grands peuples aux supplétifs de l'histoire ! Voilà qu'après n'avoir eu de cesse de salir vos «sœurs» et «frères» de combat, par ces temps de grande lâcheté, vous voulez grandir en semant le doute sur la grandeur de l'Homme que fut Larbi Ben M'hidi. Et vous attaquer à beaucoup plus grand que vous ne vous grandira pas. L'histoire a tranché. Hassiba, P'tit Omar, Ourida, Ali, El Hakim et tous les autres ont fait le serment de mourir pour la patrie et sont tombés au champ d'honneur. Eux n'avaient rien à négocier. Ils auraient pu se rendre. Ils ne l'ont pas fait. Votre amnésie sélective vous aurait-elle fait oublier les mots de Didouche Mourad : «Si on venait à disparaître, préservez notre mémoire !» ? Votre ego démesuré vous aurait-il fait oublier que Si Larbi voulait «mourir au combat, avant la fin». Certainement, lucide comme il l'était, sur la nature profonde des hommes, il ne voulait pas assister à ces grands moments d'égarement que vous symbolisez si bien ! L'histoire retiendra que ses ennemis, qui l'ont torturé, lui ont présenté les armes et exécuté, ont reconnu en lui l'étoffe d'un seigneur, quand son frère de combat, cinquante ans après, sème des points d'exclamation assassins ! Heureusement que le jeune Karim El Gang, rappeur et fier de Ben M'hidi, a clamé, en ce jour de célébration du 19 Mars, avec ses mots de rue, si cher au chahid, le plus touchant des hommages. Alors de grâce, monsieur Yacef, profitez des jours heureux que Hassiba, Ourida, P'tit Omar, Ali, El Hakim et tous les autres vous ont permis de vivre, profitez de vos enfants et petits-enfants et taisez-vous ! Karim, chantez !!