Souhila Amirat, informaticienne de formation, auteur du récit «P'tit Omar La Révolution dans le cartable» a une unique ambition. Déterrer le personnage du «P'tit Omar», rendu célèbre par le film «la Bataille d'Alger» et qui sombré dans l'oubli depuis, notamment chez la jeune génération. L'auteur se déclare vouer son intérêt pour la littérature de jeunesse. D'ailleurs son style, dépouillé de toutes fioritures, construit d'une manière un peu linéaire, faisant l'économie des métaphores, rend ce récit un ouvrage à la portée des jeunes scolarisés. Le livre, en 160 pages, rehaussé de plusieurs photos de journaux de l'époque, du P'tit Omar, de Yacef Saadi, Ali la Pointe, Hassiba Benbouali, et certains membres de la famille Yacef, retrace la trajectoire de celui considéré comme le plus jeune «fidayi» de la guerre de libération nationale. Au déclenchement du 1er Novembre, Omar, vrai Casbaji, n'a que dix ans. Bien avant cet avènement, il a renoncé à ses rêves d'enfants en s'imposant à son père pour qu'il l'emmène aux réunions du parti, le PPA/MTLD. Omar renoncera prématurément à son enfance mais aussi à l'école puisque dès le déclenchement de la bataille d'Alger, il sera l'agent de liaison de son oncle Djaafer, alias Yacef Saadi, numéro un de la zone autonome d'Alger. Il n'a pas accédé à ce rang uniquement en raison de ses liens de sang avec celui que tout le monde considérait comme «le grand frère». Il a, durant moult épreuves, fait preuve de beaucoup d'ingéniosité, de sang froid et de maturité. Aux moments difficiles de la bataille d'Alger, notamment durant la grève des huit jours, il se révèlera un chaînon fondamental dans son groupe révolutionnaire. Mieux, lui le respectueux à la lettre des instructions de son oncle et chef du groupe, prendra des initiatives aux moments les plus opportuns. Celle de se faufiler pour prendre le micro et s'adresser aux populations de la Casbah lors de la grève des huit jours. Au fil des mois et des semaines, la place de P'tit Omar devient prépondérante au sein de son groupe au point où Massu dira que sa chute entrainera inéluctablement celle de tout le groupe. Agent de liaison, éclaireur des commandos lors de leur déplacements dans les venelles de la Casbah, chargé des caches des armes qui ont servi à des attentas, diffuseur du message du FLN aux moments des doutes, Omar est sur tous les fronts. Au point de ne plus avoir le temps de pouvoir rendre visite à ses propres parents. Après l'incarcération du grand frère, qui a préféré se rendre pour épargner la mort aux membres de son groupe et les habitants de la Casbah, la cache d'Omar, de Hassiba et d'Ali la pointe sera découverte et cernée par les paras et détruite par des bombes. Omar qui est mort le 8 Octobre 1957, à l'âge de douze ans, a connu durant sa courte existence au moins deux grandes figures de la Révolution Algérienne: Larbi Ben M'Hidi, à qui il servira de guide dans la Casbah et Krim Belkacem qui a séjourné dans la demeure familiale de son grand père. D'ailleurs, P'tit Omar est le premier à obtenir un insigne de distinction de l'ALN, de la main de Ben M'Hidi lui-même. Relevons que le récit de Souhila Amirat est resté otage du film «La Bataille d'Alger» de Gillo Pontecovro. L'auteur n'a pas réussi à s'épanouir par rapport à cette œuvre cinématographique. D'ailleurs, le livre, un récit certes, apporte peu d'éléments nouveaux concernant cet enfant hors pair. Son mérite réside dans son ambition de vouloir débarrasser la mémoire du P'tit Omar des couches d'oubli qui ont failli l'ensevelir définitivement. Par ailleurs, soulignons que ce récit n'est publié par aucune Maison d'Edition. Probablement, il l'est à compte d'auteur. Ce qui nous renseigne sur le peu de cas réservé à la mémoire collective à la veille du cinquantenaire de l'Indépendance Nationale ou des flots d'argent sont consacrés à sa célébration. Un autre mérite de Samir Amirat...