Pour la première fois, en ce jour brumeux du 22 mars 2014, un groupe de citoyens, tous sexes confondus, accompagnés de leurs enfants, dont certains en très bas âge, se sont levés très tôt pour célébrer dans l'émotion le souvenir de ceux qui sont morts pour la patrie. Pour Mostaganem, l'acte le plus symbolique qu'il fallait commémorer, parce qu'il s'imposait de lui-même, consistait à rendre hommage aux 4 scouts morts lors de l'attentat terroriste du 1er Novembre 94 au niveau du cimetière de Sidi Ali. C'est ainsi que peu avant 9 heures, ce groupe s'est retrouvé au niveau du cimetière de Sidi Benhaoua afin de déposer une gerbe de fleurs au niveau du carré où sont enterrés Mehdi Boualem (9 ans), Mohamed Hachelaf (8 ans), Mohamed Chawki Ayachi (7 ans) et Abdallah Chouarfia (12 ans), du groupe SMA de St Jules. C'est pour leur rendre hommage que Youcef, 4 ans, Aïcha, 6 ans, Meryem, 5 ans, Ahmed 11 ans ainsi que sa petite sœur d'à peine 5 ans ont tenu à se rendre dans les lieux mémoriels. Après avoir déposé la gerbe et lu la Fatiha, le groupe s'est alors dirigé vers la place de St Jules, là où une stèle avait été érigée. Quelle ne fut leur surprise lorsqu'une fois sur place, enfants et adultes ne trouveront nulle trace de la stèle. Le monument fort décrié par les familles des victimes ainsi que par les patriotes, a été tout simplement rasé par l'APC. La gerbe de fleurs ramenée par les citoyens ne pouvant être déposée à même le carrelage, la décision d'allumer des bougies s'imposera. C'est ainsi que douze bougies viendront pallier l'absence de stèle. La délégation prendra ensuite la route de Sidi Ali afin de déposer une autre gerbe là où périrent les scouts. Grâce à la bienveillance du chef de daïra, l'accès au cimetière se fera dans un grand recueillement. Sitôt les escaliers escaladés, on se retrouve alors face aux tombes de Benabdelmalek Ramdane et de ses compagnons du déclenchement de la guerre de libération. A droite de la stèle commémorative, a été dressée une autre stèle, juste à l'endroit où se trouvaient les martyrs de novembre 94. Après une minute de silence, les participants décidèrent de fleurir les autres tombes disposées à l'intérieur du carré. C'est ainsi que les œillets, les iris et les roses seront soigneusement déposés par les mains innocentes des enfants. Le spectacle des ces frêles créatures, crinières au vent, déambulant, une fleur à la main, entre les dizaines de tombes d'illustres inconnus, restera à jamais gravé dans les mémoires de ces jeunes pupilles et de leurs accompagnateurs. Voir ces tombes fleuries, très certainement pour la première fois, est un spectacle inédit, car le protocole officiel s'est toujours limité au dépôt d'une seule gerbe, une opération vite expédiée, alors que là, grâce à la participation des enfants, des soldats inconnus et jamais célébrés ont eu droit à une juvénile attention. Venu d'Aïn Turk, Mustafa, que personne n'attendait, fera remarquer que les symboles de Novembre, qui n'avaient plus droit aux égards des jeunes générations, viennent d'être magistralement honorés. La gorge nouée par l'émotion, c'est lui qui aidera les lilliputiens à déposer une fleur sur chaque tombe, en hommage à ces témoins éternels de nos rudes batailles.