Pour se faire entendre le SYNAA prévoit pour actions d'interpeller les pouvoirs publics, de faire des propositions de textes, de se constituer partie civile pour attaquer «toute dérive» Le syndicat national des architectes agréés, le SYNAA, a livré samedi dernier, dans une conférence de presse, ses inquiétudes quant à l'exercice de la profession que doivent baliser l'éthique, un sursaut qualitatif et des textes à même de clarifier une orientation performante de la maîtrise de l'œuvre.Le syndicat justifie en avant-propos sa constitution. Il s'agit, motive Hacène Yahiaoui, le président du bureau local du SYNAA, de «pallier au vide entretenu par les récentes turbulences ayant secoué l'ordre national des architectes». Mohand Larbi Boutrid, membre du bureau, résume l'essentiel des revendications sur lesquelles les architectes de Béjaïa rejoignent leurs confrères de la dizaine de sections syndicales ayant vu le jour à travers le pays depuis décembre 2012. En premier, l'exigence de mettre le rapport qualitatif au centre de la maîtrise d'œuvre. A ce propos, le conférencier fait le constat d'une manipulation dévoyée de l'arrêté interministériel du 04 juillet 2001, quant notamment aux rétributions, «les honoraires n'ont pas connu d'évolution or que les coûts du travail ne cessent de grimper». En second grief, est dénoncée «la marginalisation de 5000 architectes» par un choix délibéré de confier des études et réalisations à des bureaux étrangers, qui recourent, paradoxalement, une fois le marché acquis, à une sous-traitance contractée au moyen de la procédure du gré à gré avec des bureaux d'études algériens. Ce qui est qualifié de «détournement de la loi», compte tenu que l'architecte doit répondre d'une responsabilité engagée devant l'Etat et non vis-à-vis d'une entreprise. En conclusion, M. L. Boutrid revient sur l'obligation de définir légalement la séparation des responsabilités entre les fonctions : maître de l'ouvrage, entreprise et maître de l'œuvre. En troisième point, dans l'attribution des projets, le syndicat demande qu'on accorde la primauté à l'œuvre, en passant par le biais de concours d'architecture. Autrement dit supprimer des textes les deux critères de choix que sont les coûts et délais, et la priorité du moins disant. Et enfin, ultime revendication, étroitement liée à la faisabilité de la précédente : l'obligation à faire au maître de l'ouvrage de prévoir un budget pour le concours d'architecture. Pour se faire entendre le SYNAA prévoit pour actions d'interpeller les pouvoirs publics, de faire des propositions de textes, de se constituer partie civile pour attaquer «toute dérive», qu'elle vienne «des pouvoirs publics ou des confrères». Et à long terme, même recourir à «des actions de rue s'il le faut, pour bloquer certains projets». Il s'agit pour conclusion de faire prévaloir l'acte culturel dans les réalisations, en y mettant la compétence et le prix qu'il faut et en faisant sortir l'architecte du «bâtimentaire» dans lequel on l'a cloîtré.