Indignation et colère. «Ni le ministère des Affaires étrangères, encore moins le ministère des Affaires religieuses, n'ont réagi ni émis la moindre protestation officielle», s'indignent des représentants du M'zab qui disent ne pas comprendre le silence du gouvernement suite à la rediffusion en boucle de l'émission «Kourssi Al Uléma» dans laquelle Iqraa déclare «hallal» (licite) le meurtre des ibadites assimilés à des «khawarij», des apostats. Apologie de la guerre Iqraa, la chaîne wahhabite (groupe ART TV, propriété de cheikh Saleh Kamel), a récidivé nombre de fois (quatre rediffusions depuis octobre 2013), versant impunément dans l'apologie de la guerre confessionnelle et attisant la haine raciale en Algérie. Les «fetwas» en question ont été émises lors d'un séminaire à Oman (30/31 octobre 2013) intitulé «Les khawarij et leur survie jusqu'à l'avènement de l'Antéchrist». Donnant lecture à une conférence exhalant les relents de la haine anti-ibadite et ressassant des «hadiths» (paroles du Prophète Mohamed), un «cheikh» algérien du nom de Mohamed Hamen s'est fendu en fetwas d'une extrême violence à l'endroit de ses coreligionnaires et néanmoins compatriotes. Les responsables mozabites n'ont pas manqué de faire le lien entre l'émission en question et les événements dramatiques ayant secoué la vallée du M'zab ces dernières semaines. Luttes confessionnelles Diffusée une première fois en octobre 2013, l'émission a été reprogrammée quatre fois de suite. «Après chaque rediffusion, les affrontements reprennent. Ça n'a rien d'une coïncidence», dit Baâmara Aïssa, notable du M'zab. Il en est ainsi des affrontements de Guerrara en octobre 2013, de la profanation des mausolées et cimetières Aâmi Saïd (décembre 2013) et Baba Oualdjema. La dernière rediffusion en date a été programmée le 16 mars 2014 après l'assassinat des trois jeunes Arabes chaâmbi à Ghardaïa. Dans une déclaration rendue publique, un collectif représentant la société civile du M'zab en appelle aux autorités politiques et religieuses afin de réagir. Le collectif se dit résolu à porter l'affaire devant la justice, à couper l'herbe sous le pied de ceux qui «veulent nous exporter leurs guerres confessionnelles» et porter atteinte au peuple algérien dont les «ethnies et rites sont soudés par une tolérance séculaire».