Ils prônent tous le changement. Chacun le voit à sa façon et milite dans la voie qu'il juge propice à l'amorce de ce vœu. Des étudiants actifs, convaincus et volontaires ont décidé de mener campagne pour les élections présidentielles du 17 avril. Entre participants partisans d'un candidat et des militants boycotteurs, même si les orientations diffèrent, ils tiennent tous le même langage, celui de l'impératif implication des jeunes dans la vie politique nationale. Sans filtre aucun, El Watan étudiant vous livre leurs positions brutes, sur les élections à venir. -Mehdi Boukaouma. 23ans, étudiant, 2éme master en sciences politiques. On essaie, nous les jeunes étudiants d'activer sur les réseaux sociaux dans le but de présenter notre candidat, faire connaître son programme et suivre ses déplacements pour les présidentielles. Nous travaillons dans un cadre de volontariat et de militantisme. Quant à l'entrée de Bouteflika en tant que candidat, je trouve que c'est tout à fait conforme à la constitution qui lui permet de se présenter aux présidentielles. Par ailleurs, je crois que le changement réel en Algérie s'effectuera avec l'élection de Abdelaziz Belaid, président du Front El-Moustaqbal. Un parti soucieux de l'avenir et du devenir du pays». -Ilies Berchiche. 19 ans, lycéen A dix-neuf ans, le 17 avril 2014, sera mon premier rendez-vous électoral et mon choix est déjà fait. En plus de mes attachements partisanes au sein de ma formation politique, le Rassemblement national démocratique(RND), je contribue ouvertement à la campagne officielle du candidat libre, Abdelaziz Bouteflika. Une contribution et un soutien qui se poursuivent à la veille d'une élection qui s'annonce dynamique en termes de programmes souhaités par les six candidats. Tout en considérant nécessaire la sauvegarde de la stabilité et de la sécurité ainsi que la préservation et l'amplification des accomplissements de développement que le président Bouteflika a eu le mérite d'accomplir durant ses précédents mandats, je considère que son programme est un nouveau pacte avec le développement et le progrès. Riche et réaliste, il s'étend sur les principaux volets : politique, économique et social en prévoyant l'instauration d'une véritable démocratie participative, la protection des groupes vulnérables et la réindustrialisation du pays. -Ahmed Chelbi. 25 ans, étudiant 2e année master USTHB Je crois en cette élection, même si la fraude reste une tâche qui me gêne et le peuple a appris à être fataliste. Je suis contre les boycotteurs, car j'estime que le peuple, particulièrement les jeunes et les étudiants, doivent voter et surveiller leurs voix. Cette élection du 17 avril est déterminante pour l'avenir du pays et leurs voix également. Plus il y aura de votants, plus la possibilité de fraude diminuera. Alors, je fais appel à leur sens du patriotisme et je leurs dis choisissez le programme et le candidat qui vous arrangent et allez voter. Pour ce qui est de mon engagement aux côtés du candidat Ali Benflis, comme beaucoup d'autres étudiants, nous avons été sollicités par lui depuis plus d'une année. On a été approchés pour exposer les attentes de la jeunesse algérienne et nous avons constaté une très grande capacité d'écoute chez cette personne. Au-delà de cela, j'ai opté pour ce candidat d'abord pour le projet qu'il présente, celui du ‘renouveau national' et sa profonde détermination à aller vers une transition générationnelle. Ensuite, je suis convaincu qu'un véritable changement ne pourra être amorcé que par une personne qui connaît bien les rouages du système politique. Mais, au-delà de la présidentielle, j'exhorte les jeunes à s'impliquer dans la vie politique du pays et j'en appelle à leur patriotisme sans attendre de récompense, car il y va de l'avenir du pays. -Ahmed Kebdi. 27 ans, étudiant en 3e année de sciences de la matière à l'université Ibn Khaldoun de Tiaret En tant qu'étudiants, et au sein de notre parti politique, nous souhaitons vivement que la prochaine élection présidentielle se déroule d'une façon libre, démocratique et honnête. Et ça, c'est le ‘soundouq', l'urne qui nous le dira, quoique je reste sceptique quant à des élections propres à 100%. D'autre part, nous souhaitons un réel changement. On en a assez des partis politiques où il n'y a que des vieux, et où les jeunes n'ont pas de place. Nous souhaitons que les étudiants, marginalisés jusque-là et qui en ont marre de ces partis politiques, soient considérés comme l'avenir de l'Algérie. -Anis Benseraye. étudiant master 2 en management On est sorti d'un processus électoral vers une vraie mascarade politique, notamment avec l'entrée de Bouteflika sur scène. Par cet acte, on voit bien que l'administration n'est pas neutre à partir du moment où Sellal, qui était il y a quelque temps le directeur de la commission électorale, annoncer avec fierté la candidature de Bouteflika pour un 4e mandat. Donc, pourquoi participer à cette pièce de théâtre digne de Goethe qui ne fera que nous ridiculiser et surtout nous démotiver par un score loufoque et maquillé. Je suis quant à moi pour le boycott de cette élection. En effet, il faudra tout arrêter et revoir le processus en entier. Sans un sursaut populaire fort et pacifique contre ce fagotage clownesque, aucun changement ne se fera. L'unité et le patriotisme du peuple algérien doivent être forts pour parer à toute implication étrangère qui pourra mener à une catastrophe semblable au printemps arabe.» -Bennaï Nadia. étudiante master 2 en génie civil à l'USTHB Nous boycottons aujourd'hui cette élection pour dénoncer le fait qu'on ne nous demande pas de voter pour une orientation politique. On nous impose un candidat, un choix déjà établi auparavant. Tout le monde sait que ces élections sont vêtues de fraude et de tromperie. Par le boycott, nous revendiquons notre citoyenneté et notre droit de choisir notre chef d'Etat. Nous ne voulons pas être victimes d'un choix fait au préalable par la classe dirigeante. On nous a totalement exclus du climat politique. Nous devons donner notre avis, car il s'agit de notre nation et notre patrie. Néanmoins, le changement dans le pays ne se fera que par la démission de certains responsables de l'Etat qui ont dépassé l'âge pour prendre des décisions. L'Algérie est un pays de jeunes. Nous avons besoin de jeunes comme nous qui nous comprennent, nous proposent des solutions raisonnables et équilibrées et avec qui nous pourrions communiquer, être entendus et surtout être compris. Car ceux qui dirigent le pays ignorent ce qui se passe de notre côté.» -Madjid Belkaï. étudiant à l'université de Tizi Ouzou Aujourd'hui, notre génération est interpellée pour se positionner et agir pour éviter au pays le chaos que lui prédit le système en place. Globalement, la société réagit de manière positive aux événements par des démonstrations de rue diverses, bravant l'interdit imposé par le pouvoir oligarque. Il va de soi que toutes les actions entreprises pour dénoncer ce système sont à encourager et qu'elles trouveront notre soutien, tout comme il est opportun de dépasser les clivages et de s'engager dans des démarches consensuelles entre acteurs de la société pour disqualifier le régime en place. S'agissant du mouvement estudiantin dans lequel nous militons, il s'inscrit résolument dans une démarche de rejet total de la mascarade électorale qui scellerait définitivement le destin national en plongeant le pays dans les ténèbres. Notre position est en adéquation avec le front du boycott qui lutte pour mettre fin au système rentier, corrompu, corrupteur, clientéliste et totalitaire, rejette le scrutin du 17 avril et propose l'organisation d'une conférence nationale qui aboutirait à l'avènement d'une période de transition pour un renouveau national démocratique.» -Zineddine Lefkir. 27 ans, étudiant en 2e année doctorat sciences de la matière à l'université de Bab Ezzouar, Alger Tout d'abord, je remercie votre journal de m'ouvrir ses colonnes, en tant que jeune Algérien, étudiant et cadre universitaire, pour exprimer ce que je pense de la mascarade du 17 avril 2014. Je partage et je me conforme à la position décidée par la haute instance de notre parti politique Ennahda. Une position qui a été votée par l'écrasante majorité lors de la dernière session du Madjlis Echoura national (Conseil de concertation, Ndlr), et qui consiste à boycotter cette élection et à appeler et mobiliser le peuple à la boycotter également. Cette décision a été prise suite à l'actuelle conjoncture politique que vit l'Algérie, et dont le titre principal est : ‘se cramponner au pouvoir à travers une gestion douteuse des élections', démontrant ainsi l'intention de frauder ces dernières. Cette décision a également été motivée par nombre de comportements et de décisions ayant bafoué la Constitution et piétiné les lois de la République. On a donc relevé, entre autres, les fréquentes sorties du Premier ministre (Abdelmalek Sellal, Ndlr) afin d'animer une campagne électorale ayant devancé l'annonce même de la candidature de Abdelaziz Bouteflika ; la candidature de ce dernier alors que sa santé ne lui permet plus d'occuper un tel poste ; la démission du désormais ex-Premier ministre tout en gardant en place son gouvernement, ce qui est contraire à la loi, impliquant ainsi un dramatique cafouillis administratif ; la fermeture médiatique et l'embargo sur tous ceux qui s'expriment contre un 4e mandat, mais aussi la mobilisation de toutes les institution de l'Etat au profit du candidat du système. C'est pourquoi nous assurons, encore une fois, que se fier à une urne détenue par eux relève de la mascarade politique afin de passer un 4e mandat, à l'ombre d'une démocratie de façade.» -Houda Doumbi Les étudiants algériens vont boycotter fortement l'élection du 17 avril, parce que l'étudiant algérien est, la plupart du temps, éloigné du mouvement politique et des activités culturelles et sportives comme la majorité du peuple algérien, car il est inondé par les faux problèmes, de la mauvaise gestion des universités, des cités universitaires, la corruption, l'encombrement voulu de la circulation... Cet éloignement voulu pour l'étudiant par le pouvoir a donné des étudiants désintéressés par les événements actuels du pays, y compris l'élection présidentielle. Malheureusement, ce pouvoir qui ne respecte et ne valorise pas la matière grise des jeunes algériens les pousse à quitter leur pays à la première occasion vers n'importe quel autre pays où ils seront libres et respectés ainsi que leur bagage cognitif qui leur permet d'avoir un statut ailleurs que dans leur propre pays. Pour tout ce que je vient de citer, les étudiants algériens vont boycotter massivement l'élection présidentielle du 17 avril.»