La floraison du commerce illégal sur les boissons alcoolisées est plutôt à mettre au compte des pouvoirs publics que des bootleggers, les décideurs locaux, ayant, pour des raisons politiciennes, institué une prohibition qui ne dit pas son nom. Il ne se passe pas une semaine sans que les services de sécurité ne fassent état d'une saisie de boissons alcoolisées. Cependant, l'écho de ces opérations trouve de moins en moins de place sur les colonnes des médias. En effet, selon d'aucuns, la floraison du commerce illégal sur les boissons alcoolisées est plutôt à mettre au compte des pouvoirs publics que des bootleggers, les décideurs locaux, ayant, pour des raisons politiciennes, institué une prohibition qui ne dit pas son nom. A cet égard, les confrères n'oublient pas que les mêmes pouvoirs publics, mais à l'inverse, avaient encouragé l'ouverture de débits de boissons alcoolisées à Témouchent durant la période de l'islamisme armé triomphant. A cette époque, les autorités locales accordaient des autorisations d'ouverture à quiconque en faisait la demande face à la fermeture en cascade des bars suite aux menaces des intégristes qui ainsi avaient substitué leur pouvoir à celui de l'Etat. «Aujourd'hui, on est dans la formule Autorités et Ex- FIS, même combat !», invective un de nos interlocuteurs. Un revendeur agréé relève : «C'est un douteux combat dans lequel les services de sécurité sont engagés. Il l'est d'autant qu'il est perdu d'avance ! Où voulez-vous que s'approvisionnent les consommateurs de la wilaya de Tlemcen où la prohibition est totale, avec un seul revendeur autorisé ? Où ? Sinon à Sidi Bel Abbès et à Témouchent où cette même prohibition règne un peu plus relativement ? Savez-vous qu'à Témouchent, sur une trentaine de demandes d'ouverture de débits déposées auprès des services de wilaya depuis une décennie, aucune n'a été agréée ? Alors forcément, il y a plus de revendeurs illégaux dans les quartiers, chez des familles, devant femmes et enfants. Et puis, pression sociale entretenue par des prédicateurs émargeant à la Fonction publique, il est plus facile de s'approvisionner chez eux incognito que chez un revendeur agréé au vu et au su de tous». Hypocrisie Récemment, lors d'un point de presse, tout ce qu'il y a de plus officiel, il a été indiqué que le chef-lieu de wilaya devait se contenter des trois petits bars ouverts. La décision avait été prise au regard de leur maigre fréquentation : «Mais, précisément, c'est parce qu'il n'y a que trois et un total de six pour toute la wilaya que les consommateurs n'y viennent pas. Leur désertion est imputable aux BRQ, ces bulletins établis sur la base de rapports d'indicateurs rapportant les propos des consommateurs. La réputation et la carrière de nombre de fonctionnaires en ont en pâti. Du coup, les véhicules particuliers sont devenus des bars ambulants ! Il n'y qu'à voir le nombre de bouteilles et de cannettes jonchant les bords des routes !». Un autre interlocuteur note : «Auparavant, avant la démonopolisation effective sur l'importation des alcools, la lutte des services de sécurité avait un sens puisque ce qui était combattu, c'est la trafic illégal de spiritueux, pire, des alcools frelatés qui nous venaient de la frontière ouest. Maintenant, il s'agit de produits légalement importés ou produits localement ! Et c'est même les consommateurs qui se retrouvent dans le collimateur des services de sécurité. Imaginez, un consommateur de la wilaya de Tlemcen ou d'un coin de la wilaya de Témouchent qui vient pour ses emplettes alcoolisées, il ne se déplace pas pour une ou deux bouteilles de vin. Il le fait pour constituer un stock. Eh bien, à un barrage, le nombre jugé anormal de bouteilles assimile leur propriétaire à un bootlegger. Il se les fait saisir et parfois même présenté à la justice» ; Enfin, rappelle-t-on : «Dans cette frénésie intégriste, il y a l'indirecte politique de soutien à l'arrachage d'un vignoble reconstitué à coups de milliards de dinars sur fonds publics. Des élus sont allés même prétendre en réunions officielles que le vignoble de cuve est une invention de la colonisation française ! Trêve d'ignorance et de mensonges, du temps du règne de Syphax, à Siga, ce dernier avait agrémenté de vin, produit localement, le repas offert à Scipion l'Africain et Asdrubal ! Et 200 ans avant JC, Rome était destinatrice de cuvées élaborées à Albulae, l'actuelle Témouchent !».