Le bureau de wilaya de Constantine, qui compte des milliers de gens bénévoles et dévoués, a bien mesuré l'ampleur des incidences de cette situation qui pourraient affecter ses multiples actions organisées à longueur d'année. Cette ONG risque bien de perdre la sympathie et l'adhésion des citoyens sur un terrain qu'elle a conquis au prix de mille sacrifices. Le comité de la wilaya de Constantine rappelle, dans une longue lettre adressée à ses bénévoles et dont nous avons reçu une copie, que « le décret n° 62- 524 du 6 septembre 1962, complété par le décret exécutif n° 98-319 du 6 octobre 1998 portant reconnaissance d'une société nationale du Croissant-Rouge algérien ainsi que le statut et règlement intérieur stipulent clairement que sur la base des conventions de Genève auxquelles l'Algérie est partie prenante, le Croissant-Rouge algérien constitué en association légale est officiellement reconnu comme société de secours volontaires, auxiliaire des pouvoirs publics et que les instances dirigeantes sont exclusivement : l'assemblée générale, le conseil national, le comité directeur et les comités de wilaya ». L'exemple de la wilaya de Constantine demeure bien révélateur à plus d'un titre, car le comité du Croissant-Rouge a toujours manifesté une mobilisation à toute épreuve surtout durant les opérations de Meidat El Hilel ou celle des repas chauds d'hiver au profit des sans-abri et des nécessiteux, cela outre les actions menées au niveau du centre de formation pour sourds-muets, l'école de secourisme et le centre de santé. « Le comité de wilaya de Constantine emploie dans le cadre de ses différentes missions une soixantaine de travailleurs. Ses activités nécessitent la mobilisation de bénévoles disponibles et engagés dont le seul souci est de lutter contre la précarité et la pauvreté et développer l'amour du prochain », lit-on dans la lettre du comité de la wilaya de Constantine. Ce dernier s'interroge sur la situation du Croissant-Rouge algérien et la volonté de déstabilisation de ses structures après les dernières mesures prises par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité. On apprend ainsi que depuis quelques jours, la direction de l'action sociale de la wilaya de Constantine instruite par sa tutelle a transmis au président du comité du CRA une correspondance datée du 5 juin 2006, le sommant de « restituer » l'ensemble des cachets en sus des registres des inventaires, des stocks, des dons et des bilans de 2000 à 2006. Estimant avoir de tout temps agi dans la transparence totale, sous contrôle d'un commissaire aux comptes, le comité du CRA de Constantine ne semble guère inquiété par ces mesures, mais il ne cache pas tout de même des réflexions qui reflètent une situation qualifiée d'ingérence faisant fi de toutes les lois de la République. Les rédacteurs de la lettre adressée aux bénévoles du Croissant-Rouge algérien ne manqueront pas de s'interroger sur le droit d'ingérence de la DAS dans les affaires internes du comité qui ne doit rendre des comptes qu'à l'assemblée générale souveraine. Des questions, qui mettent en cause la démarche du ministère de la Solidarité, se posent aussi sur la qualité qui permet au DAS de demander la restitution des cachets, qu'il n'a jamais remis auparavant et sont l'expression de la souveraineté et de l'autonomie du comité ou encore exiger les bilans alors que des organes centraux sont là pour le faire, selon l'expression du comité du CRA de la wilaya de Constantine. On révèle, par ailleurs, une tentative d'organiser et de parrainer des élections locales aux lieu et place des structures élues et un refus de convoquer l'assemblée générale par un ministre de la République qui refuse d'exécuter une décision du conseil d'Etat De son côté, le directeur de l'action sociale se dit étonné d'apprendre qu'une missive a été envoyée aux journaux incriminant la DAS. « Nous avons eu et nous avons toujours d'excellents rapports avec les bénévoles du Croissant-Rouge. D'ailleurs, nous avons enregistré dernièrement l'adhésion de plus de 300 membres. De mon côté, je ne pourrais installer de nouveaux comités qu'après l'assentiment de l'AG souveraine. Quant aux cachets restitués, nous l'avons demandé après la confection d'un nouveau, unique, alors que par le passé, il y avait plus d'une dizaine qui se trimballaient. Tandis que pour les bilans, il est de nos prérogatives de les exiger à n'importe quel moment. Je pense que les bénévoles de Constantine ont agi de la sorte pour épauler leurs confrères qui ont des problèmes dans d'autres wilayas », nous dira le DAS.