Tout est fait depuis quelques mois pour vider les relations américano-européennes de toutes leurs divergences. La preuve, les mesures de confiance sont aussi nombreuses que révélatrices de ces querelles décidément fausses. Ou encore, il a suffi de quelques mesures pour convaincre les plus récalcitrants autour de quelques thèmes bien précis, comme la relance économique, et la course à l'énergie. L'entente entre les pays gros consommateurs semble évidente, tout comme leur appartenance pour la plupart d'entre eux, à cette même sphère Europe-Etats-Unis. Ces derniers n'auront plus besoin d'opposer vieille et ancienne Europe, car cette dernière a compris l'allusion avec ces nouveaux venus en son sein qui ne craignent pas d'afficher leurs préférences géostratégiques. Ce qui pousse au compromis. C'est dans un tel contexte que se tient aujourd'hui dans la capitale autrichienne, le sommet entre ces deux parties du monde au demeurant alliés au sein de l'OTAN. Seules les ONG continueront à conjecturer sur ces relations, dont elles assurent preuves à l'appui comme les prisons secrètes et les vols de la CIA, qu'elles sont absolument bonnes. Le reste, quand il y en a, n'est là que pour gérer une opinion publique. Figureront à l'ordre du jour des sujets d'entente, à commencer par le dossier du nucléaire iranien, et une série d'autres questions internationales, comme le Proche-Orient, la situation en Irak et le commerce. L'UE demandera au Président Bush la fermeture du camp américain de Guantanamo, sur l'île de Cuba, a confirmé Hans Winkler, numéro deux de la diplomatie de l'Autriche, pays qui préside l'Union ce semestre. « Les Européens ont clairement indiqué qu'ils n'étaient pas d'accord avec la manière dont sont traités sans garanties juridiques » les terroristes présumés sur cette base américaine, a-t-il dit. Malgré tout, les rapports bilatéraux « se sont clairement détendus et il n' y a pas de cassure », a noté dimanche le chancelier autrichien Wolfgang Schùssel, faisant allusion aux déchirures causées par l'intervention militaire en Irak en 2003. Il a souligné, dans un entretien accordé au journal Kurier, « l'étroite collaboration sur des thèmes essentiels » comme le refus commun de permettre à l'Iran d'avoir l'arme atomique, tout en relevant « des dissensions », sur Guantanamo ou l'affaire du survol du territoire de l'UE par des avions de la CIA transportant des prisonniers, un sujet qui sera aussi évoqué. Le conseiller de M. Bush à la sécurité nationale Stephen Hadley a lui aussi jugé que ce déplacement du président américain allait « donner l'occasion de réaffirmer la forte relation » transatlantique actuelle. Pourtant, M. Hadley reconnaît ne pas en attendre d'évolution majeure sur la crise iranienne : il s'agit donc de donner l'image d'un « front uni » des Occidentaux. Cependant, d'autres thèmes cruciaux dans les rapports entre les deux géants économiques seront discutés, a indiqué le ministre autrichien de l'Economie, Martin Bartenstein. Américains et Européens, gros consommateurs d'énergies fossiles, parleront ainsi de la « sécurité des approvisionnements », mais également de réchauffement climatique et d'énergies plus propres avec le protocole de Kyoto, « qui n'aura aucune chance, tant que les Etats-Unis n'y seront pas ». Ils vont aussi lancer « une action stratégique commune pour le respect mondial des droits de propriété intellectuelle », pour combattre la contrefaçon, dont la Chine et la Russie seront les cibles prioritaires, selon Bruxelles. De plus, l'UE tentera de convaincre Washington de se montrer plus flexible en matière agricole, afin de débloquer les négociations à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a fait savoir le commissaire européen au commerce Peter Mandelson. L'on relèvera que tous les sujets possibles de discussion sont très consensuels comme l'Iran ou les fameuses subventions qui pénalisent certains pays, européens entre autres. C'est donc la fin des querelles dont il est permis de douter après certaines révélations.