Entre Alger et Bruxelles existe une convergence de vues concernant la manière de faire avancer les discussions ayant trait au volet énergétique. Voilà une nouvelle qui fera certainement sauter de joie les industriels algériens, eux qui n'ont cessé, ces dernière années, d'exiger la renégociation de l'Accord d'association signé par l'Algérie avec l'Union européenne (UE), en 2002, en avançant notamment l'argument que celui-ci va à l'encontre des intérêts de l'économie nationale. Le directeur de la direction Proche et Moyen-Orient, Méditerranée du Sud à la Commission européenne, Tomas Dupla Del Moral, a indiqué, en effet, lors d'une conférence de presse animée à Alger, que l'accord en question peut faire l'objet d'une révision. « (…) L'accord d'association est un document qui a la possibilité d'évoluer et de s'adapter à des circonstances nouvelles qui peuvent apparaître en cours de route. Cette évolution peut être justifiée par la crise économique et financière. Il peut y avoir beaucoup d'autres raisons. La révision est tout à fait possible », a soutenu M. Del Moral. Dans le même ordre d'idées, le conférencier a confié que cet aspect de la question a été justement au centre de ses discussions avec les responsables algériens avec lesquels il s'est entretenu depuis son arrivée lundi soir à Alger. « C'est une chose dont nous avons parlé. Le débat a, justement, tourné autour de la manière d'adapter l'accord aux réalités et aux potentialités de la relation économique qui lie l'Union européenne et l'Algérie. Ce débat pourrait être posé en juin 2010. Il y a justement une clause de rendez-vous qui est programmée pour cette année », a ajouté Tomas Dupla Del Mora, qui est venu en Algérie à la tête d'une délégation composée d'une douzaine de personnes parmi lesquelles figure Olivier de Laroussilhe, le chef de l'unité chargée des relations commerciales avec l'Euromed et le Moyen-Orient et le responsable adjoint de l'unité OMC-OCD de la direction générale du commerce à la Commission européenne. En cas de révision, l'Accord d'association Algérie-UE pourrait-il se voir complètement chamboulé pour ne pas dire remis en cause dans certains de ses principes ? Peu probable. Le représentant de la Commission européenne a insisté justement sur le fait que « l'Accord d'association reste un choix stratégique qui a été fait par les deux parties et qui va rester en vigueur ». Il a également saisi l'opportunité de sa conférence de presse pour minimiser l'ampleur des divergences qui oppose Alger et Bruxelles. Et pourtant, les dossiers qui font actuellement objet de litige sont fort nombreux. Les arguments de Djaâboub tombent en ruine Tomas Dupla Del Moral, qui a fait preuve de finesse et de diplomatie lorsqu'il a évoqué la question, a préféré expliquer la pauvreté des échanges entre l'Algérie et l'Union européenne ces derniers mois en invoquant les calendriers politiques chargés de deux parties (élection présidentielle en Algérie et le renouvellement de la composante de la Commission européenne). Mais visiblement irrité par les critiques nombreuses formulées par El Hachemi Djaâboub à l'encontre de l'Union européenne à laquelle il est notamment reproché de ne pas tenir ses engagements et de ne pas soutenir suffisamment l'Algérie dans ses négociations avec l'OMC, le représentant de la Commission européenne a répliqué sans ménagement au responsable du secteur du commerce tout en soutenant que le blocage ne vient pas de Bruxelles. « (…) Nous avons envoyé un mémorandum au gouvernement algérien avec toutes les questions qui devaient être prises en charge dans le cadre du processus d'adhésion à l'OMC. Nous n'avons pas eu de réponses directes (…) Nous aurions aimé connaître la position de nos interlocuteurs sur la question. Il y a des réactions dans la presse. En ce qui nous concerne, nous pensons qu'il est préférable d'avoir des contacts de travail plus fréquents plutôt que de se plaindre en public. » A signaler qu'El Hachemi Djaâboub a accusé hier l'Europe, lors d'une intervention à la Radio nationale, de ne pas avoir aidé l'Algérie à adhérer à l'OMC alors qu'elle s'était engagée à le faire. « Plus grave encore, l'essentiel des obstacles dressés devant l'Algérie pour accéder à l'OMC sont venus de ceux censés être nos meilleurs partenaires, les pays européens », a-t-il soutenu. Tomas Dupla Del Moral, qui, rappelle-t-on, a eu des « réunions informelles » avec certains membres du gouvernement dont le ministre des Affaires étrangères et celui de l'Energie et des Mines, a fait savoir que sa visite de deux jours en Algérie a pour objectif de « redynamiser » les relations entre Alger et Bruxelles. Tout en prônant la nécessité pour les deux parties d'avoir des rencontres plus fréquentes pour mieux préparer les échéances institutionnelles importantes, à l'image du conseil d'association qui aura lieu en juin prochain, celui-ci s'est montré globalement satisfait de ses discussions avec les responsables algériens dans la mesure où, a-t-il dit, tous les thèmes en suspens ont été débattus. Sans entrer dans les détails, M. Del Moral a laissé aussi entendre qu'il existe entre Alger et Bruxelles une convergence de vues concernant la manière de faire avancer les discussions ayant trait au volet énergétique. Et la concession serait venue cette fois de Bruxelles. Soit, de quoi rendre quelques couleurs à un dialogue algéro-européen qui, faut-il se l'avouer, commençait à montrer des signes inquiétants d'anémie.