Les personnes interrogées vivaient avec la PR depuis neuf ans en moyenne avec une large majorité de femmes (82%) dont l'âge moyen était de 48 ans. Entre 65 000 et 100 000 personnes souffrent de poly-arthrite-rhumatoïde dans notre pays et 80% d'entre elles sont des femmes, âgées en moyenne de 50 ans, a précisé le Pr Aïcha Ladjouz-Rezig, chef de service de rhumatologie à l'EHS de Ben Aknoun et présidente de la ligue algérienne anti-rhumatismale, lors d'une table ronde portant sur la présentation des résultats d'une enquête réalisée auprès de 10 171 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) à travers 42 pays, dont 102 patients issus de la région nord-africaine (Algérie, Maroc et Tunisie). La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie inflammatoire chronique touchant plusieurs articulations (polyarthrite). Cette atteinte entraîne des douleurs, des gonflements articulaires et est responsable de lésions osseuses et cartilagineuses entraînant la déformation et la destruction articulaire. La spécialiste a aussi expliqué que la polyarthrite est une maladie auto-immune se caractérisant par la synthèse d'anticorps dirigés contre les articulations, causant leur destruction progressive. Le Pr Ladjouz a précisé que les patients devaient consulter précocement pour éviter la destruction des articulations. Ainsi, elle a révélé que l'issue de la plus grande enquête mondiale réalisée auprès des patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde à laquelle l'Algérie à pris part dans le cadre de l'initiative «RA : Join the Fight» (Polyarthrite Rhumatoïde : Rejoignez le combat), lancée à Barcelone en 2011, que dans notre région les résultats de l'enquête montrent bien que 63% des patients interrogés déclarent avoir une connaissance moyenne à bonne de leur maladie, plus des deux tiers d'entre eux, soit 69%, ne savent pas que les dommages causés par la polyarthrite rhumatoïde sont irréversibles.C'est pourquoi, a-t-elle souligné, l'on recommande plus de collaboration entre médecins et patients et davantage de sensibilisation autour de la progression de la maladie. L'enquête en question a mis en évidence un écart qui existe entre les connaissances des patients sur la PR et la manière avec laquelle ils gèrent leur maladie. Bien que 93% des patients, soit 9 patients sur 10 sachent pourquoi il est important de gérer la PR, 71% des patients, soit 2 patients sur 3, continuent à croire que l'absence de douleurs indiquerait que leur PR est sous contrôle. L'enquête rapporte également, précise le Pr Ladjouz, que 38% des patients affirment que leur carrière professionnelle ainsi que leur habilité à travailler ont été impactées de façon négative par la maladie. Les résultats ont montré également que 87% des patientes interrogées ne savent pas que la maladie est grave, progressive et destructrice. C'est une bonne chose, ce qui permettra aux patients de vivre avec leur maladie tout en ayant de l'espoir, a estimé la spécialiste. Elle a, par ailleurs, relevé que seulement 54% d'entre eux ont un plan de gestion de leur maladie avec un professionnel de la santé. En guise de conclusion, les auteurs de l'enquête recommandent le développement d'outils et de ressources qui peuvent offrir aux patients des solutions leur permettant une meilleure compréhension des différentes facettes de ce rhumatisme inflammatoire chronique afin qu'ils puissent jouer un rôle actif dans la mise en place d'une stratégie pour la prise en charge de leur maladie. Ce qui peut être traduit, a expliqué le Pr Ladjouz, par la mise en place de l'éducation thérapeutique au profit de ces patients et le développement des carnets de surveillance uniformes et des connaissances des traitements selon les différentes formes de la PR. «Les traitements sont aujourd'hui disponibles. Les patients d'aujourd'hui ne sont plus ceux d'il y a des années. Ils sont diagnostiqués précocement et traités. Il y a quelques années, on n'avait pas quoi leur proposer pour soulager leur mal.»