Sans eux, il n'y aurait pas eu Ahmed Wahbi, Blaoui El Houari, Khaled ou Mami. Ils sont les pionniers du raï ancestral, les chouyoukh (maîtres) de la chanson bédouie oranaise. Un hommage posthume a été rendu aux grands maîtres de la chanson bédouie (rurale) tels que les chouyoukh Madani (1888-1954), Abdelkader El Khaldi (1896-1964), Hamada (1889-1968), Abdelkader Bouras(1900-1959), Djillali Aïn Tadles (1930-1995) ou encore Abdelkader Hdadji (1936-1998), samedi soir, à la salle Ibn Zeydoun, à Alger, sous les auspices du ministère de la Culture. Mme Khalida Toumi était présente et les responsables de l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (ONDA). Un événement entrant dans le cadre de la série d'hommages au patrimoine musical algérien dans toute sa richesse et diversité, avec, de surcroît, un coffret anthologique de ces chouyoukh, qui a été édité par l'ONDA. Pour ce faire, des «petits vieux briscards» du chant bédoui se sont relayés pour honorer la mémoire de leurs aînés et autres pères spirituels. Des bédouins dans la ville Aussi, ce fut un concert unplugged (acoustique) et seated (assis) dans la pure tradition du chant bedoui où six flûtistes et un chanteur évoluant avec un guellal (percussion traditionnelle) et excellant dans les deux registres, le guebli et le makhazni. Les chouyoukh, Mohamed Rassine de Tiaret, Mohamed Ould Houari de Jdiouia (Relizane), Chiguer de Mostaganem, et Miloud Vialari — ayant 70 enregistrements à son actif — ainsi qu'un récital poétique de Hadj Ahmed Bouziane de Tiaret. La nouvelle génération, incarnée par les chanteurs Bouzid El Hadj d'Oran, Houria Hadjadj, l'interprète non-voyante au talent avéré de Aïn Témouchent, a montré la voie, pour ne pas dire la voix, de la relève d'un art pas du tout mineur. Abdelkader El Khaldi, qui a de qui tenir — descendant du maître du ch'ir el melhoun, l'homonyme, Abdelkader El Khaldi — sera la guest-star de la soirée. Représentant à lui seul le trouvère et le troubadour «rurbain», il délectera le public avec du wahrani, Dablouni Larssam et une nouvelle version rapide (par rapport à celle de Khaled) de Bakhta, la muse du Cheikh Abdelkader El Khaldi. A cette occasion, une minute de silence a été observée en hommage à la diva de la chanson kabyle, Nna Cherifa, décédée récemment.