Mercredi 21 juin, premier jour de l'été. Il fait chaud, trop chaud, dans la cuvette de Bled Nemlia, au nord du lac des Oiseaux. Une zone humide inondable qui fume sous le dard du soleil. Tous les accès qui mènent à Sebaâ (Bouteldja) sont barrés depuis quelques heures. La circulation est détournée sur la RN44 et il n'y a pas de circulation sur le CW109. Les gens sont obligés de se déplacer à pied, à la file indienne, sur les accotements, pour aller travailler dans les champs ou s'approvisionner à Berrihane. La cause : un foyer de grippe aviaire vient d'être détecté dans un élevage de volaille près du village de Sebaâ. Les gendarmes sont intraitables mais nous arrivons à passer les barrages. A quelques kilomètres du lieu indiqué, nous passons dans un autoluve installé au travers de la route. Apparemment pas très efficace puisqu'il se détraque et perd son contenu à chaque passage de véhicule. Les contrôles se multiplient à l'approche du foyer. Sur les lieux, on ne peut plus aller plus loin que le dernier carré de protection matérialisé par un cordon placé à une centaine de mètres tout autour du hangar. Il n'y a qu'un seul accès gardé par des gendarmes et les seuls véhicules qui sont autorisés à passer, ceux des techniciens de la santé, sont aspergés par des agents en combinaison blanche, en masque et en bottes. Comme à la télé. Ce sont les équipes de vétérinaires qui doivent enlever pour détruire toutes les poules de l'élevage et tenter ainsi d'enrayer la maladie et empêcher son extension vers le voisinage. Autour de ce premier carré de protection, on voit aussi des ambulances du secteur sanitaire et des véhicules de la Protection civile prêts à intervenir pour évacuer des malades et contrôler les feux. Tout est vrai dans ce qui précède, sauf le foyer de grippe aviaire bien entendu. Il s'agit en effet d'un exercice de simulation national, le premier du genre. Il a pour but d'évaluer le dispositif intersectoriel d'intervention en cas de foyer de grippe aviaire. C'est aussi pour tester le niveau de préparation des différentes intervenants que prévoit le plan national de lutte contre la grippe aviaire qui implique quatorze secteurs de l'Etat. Le plan est coordonné par la commission nationale de veille, de suivi et de lutte contre la menace de la grippe aviaire. Sa présidente, secrétaire générale du ministère de la Santé, était sur les lieux avec huit autres membres de cette commission. Ils observent et notent les défaillances du dispositif pour lui apporter les améliorations nécessaires. « Le choix d'El Tarf pour la simulation s'est imposé de lui-même, a déclaré la présidente, car la région réunit les conditions pour la déclaration d'un foyer : le microclimat, les zones humides, les couloirs de migration et les élevages de volailles. » Elle a ajouté : « Notre pays est prêt à faire face à une épidémie, le tout est d'apprendre à travailler en temps réel. » La simulation qui devait démarrer assez tôt pour permettre l'exécution de toutes ses phases n'a pris son départ que vers 10h. « Pour donner le temps aux ronds de cuir de s'installer dans leurs fauteuils à Alger », ont commenté des protagonistes qui font remarquer que la bureaucratie prend immanquablement le dessus. « La simulation est un instrument technique de prévention, d'organisation, de planification et d'évaluation qui doit toute son efficacité à sa rigueur et qui ne doit rien céder à son aspect spectaculaire », a commenté l'un d'entre eux manifestement fâché par cette perte de temps.