Dans le cadre de la sortie nationale de son dernier livre Le poumon étoilé, Anouar Benmalek était l'invité, hier, de l'Etablissement arts et culture, au théâtre de Verdure, inaugurant ainsi le « retour » des Mercredis du verbe. C'était aussi l'occasion pour lui de revenir sur ses écrits, ses coups de cœur, et surtout ses coups de gueule : la blessure des écrivains algériens qui éditent leurs livres à l'étranger, à cause de ce qu'il nomme « la censure financière ». Comme il l'explique bien, acheter un livre en Algérie est considéré comme un « achat d'adulte », « on n'a pas le droit à l'erreur vu les prix », alors qu'à l'époque où l'Etat subventionnait le livre, le problème ne se posait pas du tout. « L'Algérie ne le mérite pas », insiste-t-il, avant de souligner son bonheur de voir des changements dans le secteur des éditions. « Je suis content et ému qu'on nous fasse revenir dans notre pays, qu'on ne soit pas seulement une rumeur ». Il s'agit en fait de l'initiative des éditions Sédia, dont la directrice générale, Radia Abed, était présente à la rencontre. Elle explique à son tour qu'une constatation amère s'est imposée depuis quelques années : les livres sont inaccessibles au plus grand nombre et tout reste à faire dans le secteur du livre. Cet « exil littéraire », dont les raisons sont multiples, devient, continue Radia Abed, un terrain favorable à l'exil intellectuel. De là, elle a décidé de contourner les difficultés et de jouer la carte de l'accès à la culture autrement, en usant du « rapatriement culturel » avec la collection Mosaïques : mettre à la disposition du lectorat algérien les œuvres de plusieurs auteurs de chez nous, grâce à l'acquisition de droit de reproduction et de traduction auprès de maisons d'éditions étrangères, avant leur parution en livre de poche. Le tout en respectant la simultanéité de parution, la qualité de fabrication et des prix nettement plus abordables. Mosaïque démarre donc avec Anouar Benmalek et son dernier livre, L'attentat, de Yasmina Khadra, Mes mauvaises pensées, de Nina Bouraoui et Mes hommes, de Malika Mokeddem. Pour septembre prochain, Sédia prévoit plusieurs sorties (en simultané avec les sorties françaises des mêmes titres) : Ô Maria, de Anouar Benmalek, Les sirènes de Baghdad, de Yasmina Khadra, ainsi que quelques titres anciens de chaque auteur. Par contre, l'année 2007 sera marquée par la traduction de la plupart des titres cités. Radia Abed précise que chaque sortie de titre sera accompagnée de la présence de l'auteur pour des tables rondes à Alger et dans quelques villes du pays, ainsi que des ventes dédicaces. A la bonne heure, on aura une véritable « petite » rentrée littéraire en septembre !