L'opposition armée tchadienne cherche-t-elle à faire pression sur le gouvernement algérien au sujet de l'extradition de Abderrezak Le Para ? En tout cas, sa médiatisation n'est pas anodine. A entendre le responsable des relations extérieures du MDJT, le Dr Brahim Tchouma, la récupération de Amari Saïfi dit Abderrezak Le Para n'intéresse personne. « Nous nous sommes adressés à toutes les parties concernées dans la sous-région par l'extradition du Para et à tous ceux qui sont intéressés par la lutte antiterroriste. Nos contacts ont duré six mois ils se poursuivent », a déclaré hier après-midi le représentant du MDJT lors d'une conférence de presse donnée par des représentants de l'opposition armée tchadienne regroupée au sein de l'UFC et qui devait porter sur « Les crises humanitaires, sécuritaires et politiques : le point de vue de l'opposition tchadienne ». La conférence de presse a en fait tourné essentiellement autour du Para et du GSPC. C'est la question qui intéressait apparemment le plus les journalistes présents. Ce coup de projecteur médiatique ne pouvait échapper aux conférenciers. N'était-il pas calculé ? L'affaire Le Para n'est-elle pas un bon moyen de médiatisation, et du même coup de se faire reconnaître ? De faire pression sur le gouvernement algérien pour l'amener à négocier avec l'opposition armée tchadienne ? Le gouvernement algérien a clairement signifié que son seul interlocuteur est le gouvernement tchadien. « Il faut qu'il soit jugé et nous sommes en contact avec le gouvernement tchadien » pour son transfèrement en Algérie, a précisé M. Zerhouni, ministre de l'Intérieur, dans une récente conférence de presse. Le ministre a ajouté que Le Para « représente un intérêt réduit du point de vue de la lutte antiterroriste du fait qu'il a quitté le pays depuis une année ». Le représentant du MDJT se fait accusateur : « La stratégie n'était pas d'exfiltrer Le Para, mais de nous confondre avec le GSPC. » Et « le gouvernement tchadien a eu des promesses de l'intégration du Tchad dans le plan Pan Sahel de lutte antiterroriste. » Acheikh Ibn Oumar, coordinateur provisoire de l'UFC, reprend : « Le régime tchadien essaie d'isoler l'opposition en l'accusant de connivence avec le terrorisme. » Il ajoute : « Nous avons senti une gêne des gouvernements de la région. La Libye a joué un rôle négatif dans ce processus. La Libye a tout fait pour saboter l'opération. » Il affirme que l'opposition armée tchadienne a remis à la Libye deux membres du groupe de Abderrezak Le Para pour qu'elle les livre à l'Allemagne, mais Tripoli a affirmé que ce sont ses forces armées qui les ont arrêtés.